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Motions Réflexions

Stratégie syndicale et travail unitaire

Motion adoptée au congrès 2017 de la Fédération CNT TEFP

Argumentaire

Particularité de la CNT

La CNT prône l’auto-organisation des luttes comme moyen et comme fin de son action syndicaliste révolutionnaire. En ce sens notre syndicalisme de lutte diffère fondamentalement d’un syndicalisme centrant son activité sur la représentation au sein des différentes instances paritaires et/ou sur un lobbying parlementaire.
Nous savons que nos acquis et conquêtes sociales sont le résultat d’un rapport de force imposé. Néanmoins, sauf à tomber dans une illusion incantatoire, construire ce rapport de force nécessite partir des réalités des forces en présence dans nos services. Le pluralisme syndical est notamment une réalité au sein de nos services qui doit être envisagée de façon pragmatique. Dans ce cadre donné, se donner les moyens de mener des luttes victorieuses, c’est notamment travailler, autant que faire se peut, à construire une unité syndicale.

Une unité par et pour la lutte

Cette unité syndicale, qui n’est pas un but en soi, mais un outil au service de la lutte impose les bases d’en définir les bases tant sur le fond sur la forme.
Sur le fond : nos participations aux intersyndicale doivent se faire, autant que faire ce peut, sur la base de revendications claires, et une orientation générale des appels qui ne soient pas en contradiction avec nos revendications. Ainsi, si le travail intersyndical, impose nécessairement des compromis, il ne peut se faire au détriment des objectifs de la lutte elle-même. Si des mandats cadres doivent permettre une certaine autonomie des mandatés CNT au sein des intersyndicales, des allers-retours entre le ou les mandaté-es et la fédération (ou syndicat) peuvent néanmoins s’avérer nécessaires en fonction de l’évolution des discussions.
Sur la forme : Les appels et le travail unitaire doit être l’occasion de développer l’auto-organisation des luttes et non se substituer à elles. Il doit permettre et favoriser des pratiques démocratiques de mobilisation : contact direct avec les collègues, heures d’info syndicale devenant des AG, encouragement à la prise de parole par tous (tour de parole), liberté d’expression et prise de décision collective.

Articulation entre auto-organisation des luttes et travail unitaire :

Au-delà d’un positionnement de principe, la question de l’auto-organisation des luttes est elle-même un gage d’efficacité de la mobilisation : faire que chacun prenne part au mouvement et à son organisation implique plus que des positionnements d’organisations syndicales, cette pratique implique les individus eux-mêmes ;
Dans ce cadre, et pour construire ces adhésions et ces engagements, l’unité des organisations syndicales autour de revendications et de luttes communes permet de définir un cadre large de mobilisation pour rassembler au-delà de nos étiquettes syndicales respectives. Il est également un outil indispensable pour la convergence de luttes éparses au sein des différentes UT/UD.

Motion

La CNT, dans la perspective de construction d’un rapport de force nécessaire à l’aboutissement de ses revendications, s’implique autant que possible dans un travail unitaire avec les autres organisations syndicales.
La stratégie unitaire est et demeure une stratégie de lutte, qui nécessite d’intervenir à partir de mandats, et qui est susceptible de se reposer à l’aune de chaque lutte et en fonction de son utilité la lutte en question.

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Intersyndical Nouvelle Aquitaine Tracts

La DIRECCTE Nouvelle Aquitaine, victime de l’austérité : jusqu’où et quand ?

Intersyndicale de Nouvelle Aquitaine

intersyndicale du ministère du travail CNT-CGT-CFDT-UNSA-FSU-FO-SUD contre les suppressions de postes

Alors que nos services ont déjà perdu au niveau national 20 % de leurs effectifs au cours des 10 dernières années, les suppressions de poste continuent à se multiplier.

Au-delà de la dégradation des conditions de travail, c’est le contenu même de nos missions qui est en passe d’être transformé, puis menacé de suppression. Se dessine un ministère du travail coupé des demandes du public que l’on renverra, au mieux, vers des plates-formes téléphoniques et des applications informatiques.

Le triste bilan de la Nouvelle Aquitaine

Les services de nos trois DIRECCTE comptaient 991 agents en 2011. Nous n’étions plus que 863 fin 2016, avec comme objectif cible 832 agents fin 2017.

Tous les services vont continuer à être impactés par les réductions d’effectifs. Entre les suppressions de postes et les départs à la retraite non remplacés, l’objectif affiché de la direction régionale est de passer de 727 à 700 d’ici à la fin de l’année sur le champ travail-emploi. Sur 170 départs à la retraite prévisibles en 2017-2018, 140 concernent la mission travail-emploi-formation professionnelle. Certaines UD, déjà en situation dramatique, vont voir plus de 25 % de leur effectif partir à la retraite sur cette période (UD 64, UD 24).

Les situations sont différentes selon les UD mais la direction entend bien faire peser les efforts partout, y compris ceux déjà en dessous de leur objectif de référence ! (suppression d’une section en UD 23 pourtant considérée en sous-effectif de 0,5 agent ; l’UD 33 reste en très grave sous-effectif sans perspective d’augmentation). Ce ne sont pas moins de 15 suppressions de section qui sont prévues en 2017 sur les 196 existantes, dont pas moins de 4 dans certains départements (UD 17 et UD 64).

Le nombre d’agents de secrétariat ne cesse de diminuer : dans certaines UC, une personne pour 3 voire 5 à 6 agents de contrôle (UD 33, UD 24).

Concernant les services renseignements, certains départements ont réduit de manière drastique les accueils physiques et téléphoniques des usagers et les conditions de travail dans ces services sont très fortement dégradées.

L’UD 33 ne répond plus aux courriels des usagers depuis le début de l’année, ses services sont désormais fermés de 12h à 13h et deux après-midi par semaine. En UD 24, il n’y a plus de réception ni physique ni téléphonique l’après-midi. En UD 79, l’absence d’agent d’accueil a généré l’agression d’une collègue de la SCT au mois de février.

Le pôle 3E, très impacté au cours des dernières années (- 20 % des effectifs), subit maintenant les réorganisations générées par la création de la grande région qui impliquent des mobilités géographiques et fonctionnelles.

Dans ce contexte très changeant et incertain pour les agents, les fonctions support sont aussi menacées, et comme le pôle 3E, en rupture de contribution à la baisse des effectifs. Sur la période 2011-2015, le secrétariat général a perdu 14,5 % de ses ETP en UR et 20,77 % en UD. D’ici 2018, 37,5 % des agents assurant le relai fonctions support en UD partent à la retraite, dont 50 % pour les UD 24 et 79, 66 % en UD 23, 75 % en UD 86 et 100 % en UD 19. La plupart de ces UD ne dispose déjà plus d’agent des services informatiques. Le service communication vient de voir ses effectifs tranchés en deux, dans des conditions humainement inacceptables. En Gironde, un agent de gestion remplace trois techniciens de maintenance.

Dans le même temps, les agents ne sont plus prioritaires pour demander un changement de poste en interne, tous les postes vacants ne sont pas ouverts, certains postes ouverts ne sont pas diffusés à tous…

Les « solutions » de la hièrarchie sous forme de langue de bois :

Appliquer le projet 3MO (modernisation des Moyens et Mutualisation) visant à adapter les services aux suppressions de postes et à la réforme territoriale
« Procéder à l’absorption des déséquilibres et écarts entre les UD » (pas de remplacement des départs dans les UD en sureffectif)
Réduction du nombre des sections et création des sections Transports
Réorganiser (ou désorganiser ?) les services de renseignements
Développer la mobilité UR-UD dans les ex capitales régionales
Toujours et encore plus mutualiser les tâches
« Conforter le pilotage et ses moyens » (gestion comptable des effectifs)

Face à ces attaques, mobilisons-nous pour défendre nos postes, nos missions et nos conditions de travail !

L’intersyndicale revendique :

  • l’arrêt des suppressions de postes;
  • la mise à la vacance nationale de tous les postes non pourvus;
  • le recrutement statutaire pour pourvoir tous les postes vacants et l’augmentation des effectifs, notamment de catégorie B et C, pour rattraper les baisses d’effectifs des années passées;
  • aucune suppression de section;
  • le maintien de services de renseignements, gratuits, de proximité avec accueil physique, non au numéro unique
    le retrait du projet « 3MO » ou « comment gérer la pénurie …»;
  • le maintien de tous les sites et de toutes les missions dans les unités départementales;
  • aucune fermeture de service (SRC – FSE) dans les anciennes capitales régionales;
  • aucun transfert d’effectifs dans le cadre des délégations de compétences aux régions dans le cadre de la loi NOTRe.

L’intersyndicale CFDT, CGT, CNT, FO, FSU, SUD, UNSA appelle à la mobilisation et à la grève le 18 mai: un rassemblement est prévu à 10h à Artigues à la Maison de la Promotion Sociale/Campus Atlantica (tram A direction Floirac Dravemont – arrêt LA MAREGUE) au moment où le CTSD est saisi de ces questions.

Le tract en pdf : Tract Intersyndical – Direccte Gironde – Action 18 mai 2017

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Intersyndical Tracts

Inspection du travail Où va-t-on ? Que voulons-nous ?

Plus de deux ans après une réforme de l’inspection bouleversant les services de fond en comble, la réorganisation semble loin d’être terminée.

Les suppressions de poste continuelles semblent déjà justifier les prochaines réorganisations à venir.

On le sait, le ministère du travail n’a jamais été jugé prioritaire. Il subit de plein fouet les conséquences des politiques d’austérité et les choix politiques opérés par les gouvernements successifs.

Derrière la surcharge…

Entre 2009 et 2017, les effectifs de référence des DIRECCTE ont diminué de près de 20 %, passant de 9 826 à 7 983,6 (ETP rémunérés). S’agissant plus spécifiquement des missions d’inspection nous avons perdu près de 10% de secrétaires de section sans oublier les 10% d’agents de contrôle en moins sur le terrain depuis la création des unités de contrôle en 2014 et ceux à venir pour 2017.

Alors que les collègues croulent sous la charge de travail, notre administration a développé depuis la réforme une rhétorique de l’infantilisation permanente visant à culpabiliser les agents.

Version paternaliste soft : vous avez des difficultés ? on va vous aider et vous apprendre à travailler en vous proposant des formations : rédaction, lecture rapide, action territoriale, etc.

Version paternaliste hard : vous avez des difficultés ? Il n’y a pas de problèmes d’effectifs, le problème c’est que vous foutez rien. La preuve ?! C’est WIKIT qui le dit !

Le plan d’action est alors tout trouvé : il s’agit de faire un diagnostic permettant de repérer les agents « décrocheurs ». Il fallait oser, ils l’ont fait.

…la mise au pas programmée de l’inspection du travail

Après de longs mois de lutte, la réforme Sapin avait maintenu la section comme cellule de base rattachée à un territoire. C’est bien cet échelon, garant d’une certaine autonomie et indépendance de l’agent, qui risque de sauter si nous ne faisons rien.

Ainsi la pénurie est aujourd’hui utilisée comme prétexte à de nouveaux projets de réorganisation poursuivant l’œuvre du plan Sapin. Il est procédé au redécoupage des sections pour les ajuster au nombre d’agents, ce qui est présenté comme une solution au « désordre » des intérims que ces réformes et les suppressions de postes ont provoqué. Au-delà certains DIRECCTE voudraient, dès à présent, mettre en place une organisation et une répartition du travail à la main des RUC.

Mutualisation des secrétariats sans agents de contrôle dédiés, organisation territoriale en « système » au niveau de l’UC avec répartition du travail à la main du RUC : voilà ce qui nous guette à terme.

Une telle évolution est tout sauf un simple ajustement technique aux suppressions de poste.

Il s’agit bien d’un changement complet de la vision de notre service public.

Un service public qui n’aurait de « public » que le nom et qui s’éloignerait progressivement du contact avec les salariés rattachés à un territoire, pour ne plus fonctionner qu’à partir d’une succession de plans d’actions élaborés aux différents échelons hiérarchiques.

Cette évolution de fond s’effectue parallèlement à une révolution des modalités de sanctions en réorientant les sanctions du pénal vers des sanctions administratives à la main de notre hiérarchie.

Ce à quoi nous assistons c’est à la mise en place progressive du rêve technocratique de la DGT d’une inspection aux ordres dont les petits chefs distribuent le travail à ses agents chaque semaine, qui vont là où leur dire d’aller et qui font ce qu’on leur dit de faire.

Le public dans tout ça ? On connaît le discours : vous n’avez pas à traiter la « demande individuelle » ça relève des prud’hommes. Et pour le renseignement ? il y a déjà les services renseignements. Peu importe si ces derniers sont déjà exsangues et en voie de « mutualisation » avec la mise en place d’une plate-forme téléphonique qui va encore intensifier leur travail et le déconnecter des agents de contrôle.

Répondre aux plaintes des salariés, c’est créer une relation de confiance. Pour faire notre travail de contrôle, nous sommes grandement aidés lorsque nous disposons d’informations transmises par les salariés. Si ces derniers n’ont plus confiance en nous ou pensent que nous ne ferons rien, nous ne serons plus qu’une forme de police au service des priorités étatiques ou gouvernementales du moment au lieu d’être au service du public que sont les travailleurs.

Ce scénario, loin d’être une lubie, est déjà en œuvre dans les autres services s’occupant de la délinquance en col blanc, comme les impôts ou la répression des fraudes.

Que voulons-nous ?

Pour notre part, nous continuons de défendre un véritable service public de l’inspection au service des salariés. Affirmer cette vision c’est fixer des objectifs en terme de moyens et une orientation de notre action.

C’est dire que nous voulons un service public qui assume et revendique que sa mission est d’aider les salariés à garantir leurs droits, d’améliorer leurs conditions de travail et de limiter autant que faire ce peut leur exploitation. Dans ce cadre, le public ne doit pas être une variable d’ajustement à éliminer entre deux plans d’action, il est notre seule légitimité.

Un tel service public doit d’abord garantir un service de proximité sur tout le territoire privilégiant l’accueil physique des usagers et assurant le lien avec les agents de contrôles.

Il doit ensuite prioritairement organiser des actions, et notamment des actions collectives, en fonction des remontées du terrain et en contact avec les organisations de salariés. Bien sûr nous n’avons pas la naïveté de croire que l’on peut se contenter des plaintes pour orienter notre action. Certains risques et certains secteurs ne font pas ou peu l’objet de plaintes et doivent pourtant être couverts par notre action. Des échanges entre agents doivent être organisés pour fixer ces priorités collectives.

Enfin notre service public doit garantir l’autonomie et l’indépendance des agents de contrôle contre toutes pressions extérieures ou internes indues cherchant à faire obstacle à leurs missions.
Arrêter l’inflation d’échelons hiérarchiques, arrêter le délire technocratique qui s’auto-alimente chaque jour un peu plus dans une course à la valorisation, et retrouver un service public au service des travailleurs, voilà pourquoi nous luttons.

Le scénario qui nous est promis n’est pas une fatalité,

il ne tient qu’à nous de le faire échouer.

Organisons-nous collectivement autour de notre vision du service public.

Faisons converger les luttes qui ont lieu dans les UD

pour imposer notre vision du service public !

 
Le tract en pdf : Tract inspection du travail : Où allons-nous ? Que voulons nous ?