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Entretien individuel d’évaluation : c’est encore non !

« l’évaluation individualisée, provoque, et c’est d’ailleurs un des objectifs affichés de la méthode, la concurrence généralisée entre les travailleurs » (Christophe Dejours, Souffrance en France).

Nous maintenons notre opposition à un système d’évaluation dont le principe est toujours le même : mettre en concurrence les agents par la carotte (les parts variables et les réductions d’ancienneté) et le bâton (les suppressions de primes et la stagnation).

Fondamentalement l’entretien d’évaluation reste un pseudo-contrat d’objectifs individuels sur la base de l’atteinte des objectifs de l’année précédente. Que ces objectifs soient quantitatifs ou non, il s’agit toujours du même management par objectifs et de la même « culture du résultat ». Ce faisant l’agent se retrouve à porter seul la responsabilité de sa charge de travail et du manque de moyens pour faire face à sa mission.

Il faut donc rappeler que l’évaluation individuelle des performances (de son vrai nom issu du management privé) est un système essentiellement discriminatoire qui vise à mettre les agents en concurrence pour éviter de poser la question des moyens collectifs. La carotte qu’on nous agite sous le nez est elle-même fixée à l’avance et ne va pas augmenter, quand bien même on se tuerait tous au travail pour atteindre ces objectifs. L’enveloppe globale pour les primes est prédéfinie et le quota d’agents susceptibles de bénéficier de réductions d’ancienneté est également fixé à l’avance.

La course à l’objectif est donc un leurre individuel et nuisible à l’ensemble du collectif de travail. Sur fond d’idéologie méritocratique, elle vise à faire croire que l’on peut, et surtout qu’il est légitime, de progresser individuellement au détriment de ses collègues (en se racontant que si on obtient plus que le collègue ou le voisin ça doit sûrement être parce qu’on est meilleur que lui ou plus méritant).

Or, la notion de mérite est profondément arbitraire : s’agit-il en fait de performance ? Ce n’est pas la même chose que le mérite, car le mérite dépend de la performance pondérée par l’effort, les capacités de l’agent plus ou moins valorisées, la qualité de son environnement de travail, l’implication de ses collègues (qui dépend d’une dynamique plus large) etc. toutes choses difficiles sinon impossibles à évaluer

Plus généralement, l’évaluation/récompense individuelle ne sert aucunement à mesurer et encourager les résultats ou la progression, ni à produire de l’émulation, mais à créer de la hiérarchie.

Tout ceci est une mascarade organisée par l’administration qui isole les agents, produit de la souffrance en nous rendant responsables de nos conditions de travail et nous détourne de la lutte collective pour l’avancée des droits pour tous !

En conséquence nous réaffirmons notre position de boycott de ces entretiens

 
Le tract en pdf : tract_boycott_entretien_2014
Lettre de refus à remettre à l’évaluateur : lettre refus entretien professionnel 2014

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Projet de loi sur la réforme de l’inspection : le « renforcement » se transforme en dépossession !

Le plan Sapin comprend plusieurs volets : tout d’abord un plan (très) partiel de requalification des CT en IT ; ensuite la mise sous tutelle des agents de contrôle au sein de nouvelles Unité de contrôle par la création de DUC super managers de la politique Travail ; enfin le troisième volet devait être celui du renforcement des pouvoirs de l’inspection. Dans la lignée des précédents aspects de la réforme nous sommes face à un véritable jeu de dupes. Au lieu du renforcement annoncé, nous assistons à une véritable dépossession des agents de contrôle au profit d’un renforcement (véritable celui-là) des pouvoirs de notre hiérarchie.Rentrons dans le détail.

Derrière la vitrine…

Le projet de loi insiste dans un premier temps sur des nouveaux pouvoirs donnés aux agents de contrôle et le renforcement de certaines sanctions, notamment :

  • une extension des arrêts de travaux en dehors des chantiers du BTP concernant les machines dépourvues de protecteur ou en cas de risque électrique.
  • la possibilité de faire des demandes de vérifications d’analyses ou de mesures de matières physiques, chimiques ou biologiques.
  • la possibilité de se faire communiquer et prendre copie des documents relatifs « à l’objet du contrôle ». 

… un renforcement à relativiser

La généralisation des arrêts de travaux qui renforce donc nos pouvoirs en hygiène sécurité est un outil à double tranchant. Si elle constitue indéniablement un renforcement des moyens d’actions de l’inspection, cette modification réglementaire peut se retourner contre nos services. En effet, l’outil risque de créer la demande et de placer nos services dans une situation de « pompier » devant éteindre le feu des risques inhérents à l’entreprise. Cette position peut devenir très inconfortable pour l’agent de contrôle et pourrait, à terme, conduire à transformer progressivement nos missions de contrôle des obligations de l’employeur en une mission d’agent de sécurité, transférant ainsi peu à peu la responsabilité de l’employeur à nos services.

La possibilité de faire des demandes pour analyse est toute relative. En effet, n’oublions pas que l’inspecteur du travail dispose déjà d’un pouvoir de prélèvement. Pouvoir rarement mis en œuvre faute de laboratoire d’analyse à notre disposition… On vous donne un jouet mais vous ne pouvez pas l’utiliser !

La possibilité de se faire communiquer copie de documents est de fait une pratique courante des agents pour pouvoir faire leur travail. Il s’agit plutôt ici d’une régularisation qui fonde juridiquement ce qui est déjà concrètement pratiqué dans les services afin de ne pas être à la merci d’un patron un peu « joueur » nous obligeant à recopier des documents à la main. Toutefois et sans vouloir chipoter outre mesure, on peut cependant s’interroger sur la formule « documents relatifs à l’objet du contrôle ». Pourrait-il obliger l’agent à justifier de l’objet de son contrôle, ou à ne pas pouvoir se faire communiquer des documents ne faisant pas l’objet du contrôle ? Dans le doute nous préférons la formulation « nécessaires à l’accomplissement de leur mission » suggérée par le CNIT dans son dernier avis.

On peut enfin noter la tentative d’illumination de cette vitrine par l’augmentation de l’amende encourue en cas de délit d’obstacle qui passerait de 3750 euros à 37500 s’alignant ainsi sur la DGCCRF selon l’exposé des motifs qui vise à nous aveugler pour ne pas voir que le diable se cache dans les détails.

En effet, le point central de cette réforme, la grande innovation promise par Sapin censée renforcer notre pouvoir de sanction, est la mise en place de la procédure de transaction pénale et des sanctions administratives. Et c’est là que le bât blesse !

Une reprise en main des sanctions par la hiérarchie

Nous le savons, nos procédures finissent régulièrement classées sans suite et quand elles aboutissent, les employeurs sont souvent faiblement sanctionnés. La solution déjà annoncée, reprise par les journaux est la suivante : donner aux inspecteurs un pouvoir de sanctions administratives, c’est-à-dire des amendes notamment sur le champ contraventionnel. Sont ainsi concernées les dispositions relatives à la durée du travail (durées maximales, repos, décomptes…), les minima salariaux (SMIC et minima conventionnels) et les dispositions relatives aux installations sanitaires, d’accueil et d’hébergement.

Avec ces effets d’annonce, Michel Sapin a même réussi à faire peur au Medef qui couine déjà sur le « renforcement » des pouvoirs de l’inspection. Que le Medef se rassure : il y a bien un hic quand on lit le projet de loi. Ce n’est pas l’inspecteur qui aura ce pouvoir mais « l’autorité administrative compétente ». Or l’autorité administrative compétente sera le DIRECCTE (ou le RUT par délégation), et non pas l’inspecteur du travail qui est pourtant lui-même une autorité administrative.
Sur la base d’un rapport de l’inspecteur, les amendes seront donc négociées entre le Direccte ou le RUT et l’employeur. Il n’est pas besoin d’être grand clerc ou de faire du mauvais esprit pour imaginer tous les marchandages auxquels donnera lieu un tel pouvoir mis entre les mains de cette autorité administrative qui ne sera pas indépendante des problématiques politiques, notamment du champ emploi.

A cet égard, pour fixer le montant de l’amende, l’autorité administrative doit d’une part prendre en compte « les circonstances et la gravité de l’infraction » mais également « le comportement de son auteur ainsi que ses ressources et ses charges ». Ouille !

On s’en doute, faire rentrer les considérations économiques dans le champ juridique augure de la plus grande mansuétude de « l’autorité administrative compétente » dans une période de « crise » qui dure depuis maintenant 40 ans !

Autre nouveauté la transaction pénale. Contrairement aux sanctions administratives il s’agit toujours d’une procédure pénale. Il y aura donc bien toujours établissement d’un procès-verbal et transmission au procureur. Mais, avec l’accord de celui-ci, l’administration pourra proposer une amende transactionnelle à l’employeur en infraction. Autant dire qu’au vu des moyens actuels de la justice, le procureur sera tout heureux de pouvoir redonner un dossier à l’administration s’il le peut. Or cette procédure serait ouverte pour les délits passibles d’une peine d’emprisonnement de moins d’un an, réprimés par les dispositions du Code du travail.

D’une façon générale, on peut ainsi dire qu’on passe d’un système de droit pénal à un système de négociation administrative quasi-permanente. Le patronat est ainsi explicitement encouragé à venir négocier les infractions dans des discussions de marchand de tapis. Le lobbying patronal est ainsi officialisé et légalisé.

La mise en place des amendes administratives et de la transaction pénale ne sont ainsi qu’un canada-dry de « renforcement » des pouvoirs de l’inspection. Faut-il rappeler pourquoi nous en arrivons à cette situation ? D’une part, parce que la justice pénale n’a pas les moyens de fonctionner (tout comme nous), d’autre part parce qu’il n’y a pas de volonté politique de sensibiliser les parquets et les juges afin de poursuivre la délinquance patronale, et enfin parce que le droit pénal du travail est dérisoire. C’est dans ce contexte qu’arrive la solution « miracle » des sanctions administratives.

L’indépendance ne se donne pas

Un tel système pose alors évidemment la question de l’indépendance de « l’autorité administrative » chargée de cette « négociation ».Il y a de quoi être inquiet quand on connaît la perméabilité de notre hiérarchie aux réclamations patronales.

Oui les pressions patronales existent ! Et oui, il arrive qu’elles soient relayées en interne par notre propre hiérarchie ! Inutile de faire ici une liste de ces « pressions extérieures indues » relayées en interne tant la liste serait longue, et ce à tous les niveaux (des RUT jusqu’à la DGT). Des directeurs d’autant plus perméables au lobbying patronal qu’ils sont eux-mêmes sous statut d’emploi et perméables aux injonctions du pouvoir exécutif (préfet, ministère), avec la double casquette travail/emploi.

On imagine assez bien dans ce contexte les services juridiques des grosses boîtes faire la queue devant le bureau du DIRECCTE (ou du RUT) pour négocier un jour des sanctions administratives a minima (ou pas d’amendes du tout)… et un autre l’embauche de contrats aidés. Nous pouvons de toute façon être certains qu’il n’y aura aucune transparence sur la façon dont seront négociés avec le patron les rapports des agents demandant des sanctions administratives.

L’indépendance de l’inspection ne délègue pas ni ne se donne. Elle ne peut être réelle et effective que si les agents de contrôle gardent la maîtrise de leur activité, tant dans le choix des contrôles à mener que dans les suite à y donner.

Le travailleur mis sur la touche

Outre le problème de l’indépendance de notre action, la création de l’opportunité de sanction administrative pose un problème certain pour les travailleurs eux-mêmes du fait de la dépénalisation du droit du travail qu’elle engendre. Certes la justice pénale dans notre société est une justice de classe mais il est moins que certain que nous soyons gagnants à passer à une négociation de marchand de tapis par notre administration.
En effet, il n’est pas sûr que les salariés soient gagnants dans cette affaire. De fait, il n’y aura plus de possibilité de constitution de partie civile pour les salariés victimes ou les syndicats de salariés. Combien d’affaires promptement enterrées en première instance ou en appel ont pu être relancées par les parties civiles ? Qu’on pense seulement ici au cas du non respect du SMIC par Carrefour et au pourvoi en cassation de la CGT et de la CFDT, obtenant ainsi la condamnation de cette société !

L’entreprise n’ayant pas obtenu satisfaction lors de la négociation en première instance, pourra faire en premier lieu un recours hiérarchique (ministre) et en second lieu un recours administratif (TA).

Bien entendu, nous ne sommes pas en train de dire que l’administration bloquera systématiquement toutes les demandes d’agents et n’infligera jamais de sanctions administratives. C’est bien plutôt un système à plusieurs vitesses qui risque de se mettre en place, des sanctions administratives immédiates pour les petites et moyennes entreprises ; et une attitude plus bienveillante envers les grosses sociétés ayant des services juridiques efficaces et un pouvoir de pression ou des moyens de contestation bien plus important.

De plus, les règles de la durée du travail et de la rémunération devront se reconstruire à l’aune de la jurisprudence administrative et seront de fait déconnectées de la réalité des travailleurs.

On le voit, l’opportunité de la sanction administrative n’est qu’un pis-aller.

Un outil de programmation et d’orientation de l’activité

En revanche, l’opportunité de sanction administrative constitue un redoutable moyen d’orientation politique de l’action. Qu’une campagne prioritaire nous descende de la DGT et l’on peut être certain qu’il y aura des amendes administratives avec affichage et valorisation tout azimut. Que des propositions de sanctions ne correspondent pas aux priorités ministérielles, et/ou viennent heurter des intérêts un peu trop puissants, et l’on peut s’attendre à ce que les rapports des agents finissent en classement vertical.

Avec le renforcement de la ligne hiérarchique les objectifs pourront être chiffrés, non plus en termes de contrôle, mais d’argent rapporté dans les caisses de l’Etat. Ce nouveau lapin sorti du chapeau du ministre sera sensible à la même carotte déjà disponible dans les services : l’attribution de parts de primes constituant la rémunération variable des agents…

Quoi d’autre dans le chapeau ?

A la lecture du nouvel article L. 8112-1 du Code du travail nous apprenons que les agents de contrôle de l’inspection du travail ne seront plus seulement les inspecteurs et contrôleurs affectés dans les unités de contrôle mais aussi les DUCS et les membres du groupe national de contrôle, d’appui et de veille. On se demande bien quel sera alors le statut de ces membres du groupe national de contrôle qui ne seront manifestement ni inspecteurs, ni contrôleurs. Nous ne sommes donc même pas sûrs que ce nouveau groupe national, bras armé de la DGT qui peut s’autosaisir de dossiers, bénéficie de la protection prévue par la convention 81 et accordée aux inspecteurs.

Au cas où ça ne suffirait pas, on apprend à la fin du projet de loi que le gouvernement pourra désormais modifier les « attributions des agents de contrôle » par simple ordonnance, même plus besoin de passer par un débat parlementaire.

Ce qui devait être le point positif de la réforme de l’inspection s’avère en fait un outil très dangereux de remise en cause de l’indépendance des agents avec :

– en amont la mise en place de supers managers à plein temps, les DUCs à la tête des Unités de contrôle pour programmer l’activité des agents ;

– en aval la mainmise par la hiérarchie sur les sanctions suites aux contrôles.

Les travailleurs apprécieront.

 

La CNT s’oppose à ce projet et demande pour contrôler le respect des droits des travailleurs dans les meilleures conditions un véritable renforcement des moyens d’action de l’inspection du travail par un renforcement :

         de nos effectifs ;
         de l’indépendance des agents de contrôle en supprimant la tutelle des DUCs ;
         des sanctions pénales du travail (le Code du travail est un des rares à disposer d’infractions sans sanctions) ;
         du montant des sanctions en matière de droit pénal du travail ;
         des moyens d’action et de l’indépendance des services de la justice ;
         de la politique pénal en matière de droit du travail.
 
 
Le tract en pdf : Projet de loi sur la réforme de l’inspection : le « renforcement » se transforme en dépossession !

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Violences patronales, ça suffit !

La CNT tient à affirmer son soutien à notre collègue contrôleur du travail qui a été empêché de faire son travail par un employeur qui l’a insulté et menacé de mort le 15/11/2013.

Il importe à la CNT que des sanctions rapides soient prises à l’encontre de ce patron pour que :
– le contrôle de cette entreprise puisse se faire;
– les patrons qui seraient tentés de faire obstacle à un contrôleur ou un inspecteur du travail soient prévenus des conséquences pénales encourues;
– soit rappelé notre droit d’entrée inopiné de jour comme de nuit dans les entreprises.

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Bas-Rhin – Strasbourg Rhônes-Alpes Textes du patron

Le ministère fort… en vrai

Le ministère fort avance et la concrétisation du projet au niveau des régions se met en place.
Déjà quelques régions précisent clairement leur projet, chiffres à l’appui. C’est notamment le cas de la Haute-Normandie dont voici le schéma d’organisation prévu par le DIRECCTE : DIRECCTE Haute-Normandie – mise en oeuvre de la réforme Sapin.

Et le moins que l’on puisse dire est qu’il est révélateur.

S’il n’y a pas réellement de scoop par rapport à ce que nous dénonçons depuis des mois concernant les baisses d’effectifs à prévoir, un exemple concret de « ministère fort » (au-delà des discours du ministre) est toujours instructif.

Le DIRECCTE précise qu’ « il n’y aura pas de création d’emplois », la transformation doit donc se faire sur la base des emplois existants. Concrètement, qu’est-ce que cela donne ?

Pour l’heure, la région Haute-Normandie comporte 72 agents de contrôle + 2 ARM. Sur cette base, comment fait-on pour créer les postes de DUC ?

On tape pour commencer dans les postes de DA déjà existants. Mais cela ne suffit pas. Il faut donc prendre 3 autres postes de DUC sur les postes d’agents de contrôle.

Si on rajoute à ça les postes à pourvoir en sections spécialisées (notamment 3 en travail illégal). Si on y ajoute les réductions de postes qui continuent de toucher l’ensemble du ministère fort…

… on arrive à 64 sections d’un agent de contrôle dans le nouveau schéma d’organisation.

Donc résumons :

AVANT : 72 agents de contrôle

APRES : 64 agents de contrôle

En pdf : DIRECCTE Haute-Normandie – mise en oeuvre de la réforme Sapin

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Réforme Sapin : le CNIT rend son avis

Dans un délibéré rendu le 23 octobre Le Conseil National de l’Inspection du Travail (CNIT) vient de donner son avis sur le projet de réforme SAPIN dit « ministère fort ». Rappelons que le CNIT rend son avis dans le cadre de l’article D.8121-3 du code du travail « concernant le respect des missions et garanties de l’inspection du travail ».

Or le fond de la délibération concernant le respect des missions et garanties de l’inspection du CNIT mérite justement qu’on s’y attarde un peu. A l’heure où Michel Sapin se répand dans Rue89 pour expliquer que notre mouvement est un mouvement « corporatiste » enchaînant « slogans creux » et « contrevérités flagrantes » ; il est plaisant que le CNIT pointe aussi à sa façon ce que nous dénonçons depuis des mois.

Car même si cet avis est rédigé en langage très diplomatique et n’engage à rien (ça n’est qu’un avis…) on y retrouve des interrogations sur les garanties de l’indépendance d’action des agents de contrôle, sur la programmation de l’activité des agents par l’administration et un dernier point concernant le projet d’introduire des procédures de transaction et d’ordonnance pénale en droit du travail.

Rentrons dans le détail des trois « points de vigilance » relevés par le CNIT.

Inspecteur du travail vs DUC et/ou section spécialisée : quid de l’indépendance ?

La première question que pose le CNIT est en gros la suivante : que se passera-t-il si l’agent de contrôle et le DUC et/ou la section spécialisée régionale sont en désaccord sur l’intervention à mener ?
Le CNIT relève ainsi qu’ « il y a lieu de prévoir le cas où l’inspecteur aurait […] des objections sérieuses et légitimes à une intervention soit du responsable de l’unité de contrôle, soit de l’unité de contrôle régionale ».
Selon le CNIT « une procédure d’arbitrage devra être déterminée, en s’assurant que la décision finalement arrêtée ne procède pas d’une « influence extérieure indue » au sens de l’article 6 de la convention n°81 de l’OIT ».
La même question se pose en cas de désaccord concernant les suites à intervention puisqu’aux termes de l’article 17.2 « il est laissé à la libre décision des inspecteurs du travail de donner des avertissements ou des conseils au lieu d’intenter ou de recommander des poursuites ».
Le CNIT a ainsi le mérite de poser la question de l’indépendance là où elle se posera concrètement dans le futur système, c’est-à-dire dans les rapports à l’autorité du futur DUC et dans les capacités d’ingérence des futures sections spécialisées.
Face à notre mobilisation pour défendre notamment notre indépendance, la pirouette rhétorique répétée à l’envie par la DGT et la totalité de l’encadrement consiste à dire qu’il faut distinguer autonomie et indépendance. Sous-entendu le DUC peut très bien remettre en cause votre autonomie d’action, ça ne pose pas de problème du point de vue de l’indépendance du système d’inspection puisque nous, l’encadrement, sommes garants de votre indépendance.

Or il ne peut y avoir d’indépendance effective de l’inspecteur que sur la base d’une autonomie d’action réelle. Nous connaissons parfaitement la perméabilité, pour ne pas dire la complaisance, de notre administration aux pressions patronales. Remettre notre indépendance entre les mains de l’encadrement revient à s’en remettre aux injonctions de notre encadrement en fonction des petits arrangements locaux et/ou nationaux de notre administration avec le patronat.

En ce qui nous concerne, et contrairement à ce que préconise le CNIT, nous pensons que la meilleure garantie de notre indépendance ne consiste pas à mettre en place des procédures d’arbitrage chaque fois qu’il y a risque d’interférence ou d’ingérence, mais à éviter de mettre en place les structures qui permettent ces ingérences.

En d’autres termes pour éviter le risque, supprimons-en la source !

Pour cette raison nous continuons de revendiquer la suppression des DUC et des sections spécialisées. Si le travail collectif, le soutien et les échanges professionnels sont nécessaires, ceux-ci doivent être déconnectés d’une relation hiérarchique.

Actions prioritaires vs autonomie d’action

Le 2e « point de vigilance » relevé par le CNIT concerne « l’articulation entre les actions collectives résultant de la détermination de priorités nationales ou régionales et les actions de contrôle dont l’organisation […] relèvent de l’autonomie de décision de l’inspecteur du travail ».
Et le CNIT de rappeler les termes d’un précédent avis déclarant en substance que l’accumulation des actions prioritaires ne doit pas faire obstacle à l’exercice de notre mission principale : l’application du droit du travail « pour lesquels l’agent conserve son autonomie de décision et de choix ». De façon une nouvelle fois très diplomatique, le CNIT propose seulement de formaliser le processus d’association des agents de contrôle à la détermination des priorités.
Pourtant les remarques sur une possible concurrence entre actions prioritaires et autonomie d’action renvoient à une situation beaucoup plus fondamentale : la question des effectifs et le sens de notre travail en tant que service public.
Si les actions prioritaires peuvent faire obstacle à notre mission fondamentale c’est d’abord parce que nous sommes en situation de sous-effectif structurel. Ce problème renvoie ensuite au sens de notre mission. Si les actions prioritaires peuvent faire obstacle à notre mission c’est parce que notre mission n’a de sens que dans notre capacité à répondre aux demandes des salariés. Si nous devons faire appliquer le droit du travail c’est parce qu’il y a des salariés subordonnés dans leur travail et non l’inverse. C’est à nous à répondre à la demande et non aux salariés à se caler sur les priorités du ministère.

Ça paraît évident mais ça va encore mieux en le disant et c’est là notre mission et notre seule priorité.

La transaction pénale vs l’opportunité des suites

Dans son 3e point de vigilance le CNIT évoque les alternatives aux poursuites pénales évoquées par Sapin (ordonnance et transaction pénale) pour les confronter au principe de libre décision. A cet égard le CNIT ne propose rien de précis mais fait un rappel de principe sur la nécessité de préserver le principe de libre décision consacré par la convention n°81 tout en dissociant « l’autorité chargée de relever et constater les infractions et celle qui prononce les sanctions pénales ».
Nous avions déjà eu l’occasion de relever la mauvaise foi du projet ministériel sur ce sujet dans un précédent tract. Alors que Michel Sapin promettait un renforcement de l’action pénale de l’inspection, le projet nous parle finalement de composition et de transaction plutôt que l’affirmation d’une véritable politique pénale du travail et l’annonce du renforcement des moyens de fonctionnement de notre système judiciaire qui est placé comme nous dans l’incapacité de réaliser son travail. Mauvaise foi institutionnelle caractéristique dès qu’on touche au droit du travail et à la délinquance patronale. L’État réaffirme les exigences de sanction systématique et d’exemplarité des
peines tout en faisant en sorte que ses agents soient d’une part placés dans l’incapacité matérielle de poursuivre de tels objectifs et d’autre part en mettant en place des procédures permettant de négocier les peines.

Si à terme, la délinquance patronale ne sera plus condamnée mais systématiquement « ordonnée », « transactionnée », nous sommes moins que certains d’être dans un réel « renforcement des pouvoirs de l’inspection ».

La CNT revendique toujours :

  • l’intégration, par ancienneté et sans condition, de tous les contrôleurs dans un corps unique de l’inspection du travail, sans lien hiérarchique entre agents de contrôle
  • le passage des agents de catégorie C en SA avec possibilité de passerelle vers le corps de l’inspection
  • une inspection du travail généraliste et territoriale de proximité et nous opposons aux sections spécialisées et aux groupes d’intervention régionaux et nationaux
  • au minimum le doublement des effectifs d’agent de contrôle et d’agent de catégorie C

Le tract en pdf : tract-cnit-28-octobre-2013

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Pour une véritable requalification de tous les CT en IT : Supprimons l'EPIT !

Les résultats de l’EPIT (examen professionnel d’accès à l’inspection du travail) sont tombés il y a quelques jours. Si nous revendiquons le passage des CT dans un corps unique de l’inspection et le passage de plus de CT possible par les voies qui leurs sont ouvertes cela ne doit pas nous faire oublier que cet examen est absurde, arbitraire et divise les agents.

Absurbe

Cet examen est absurde : s’il n’y a aucune raison pour que coexiste deux corps pour un même type de métier, le passage au compte-goutte des CT en IT, sans garantie que tous soient concernés, ne se justifie en rien.
Il l’est également parce que les postes d’un seul service sont concernés par le corps unique, ceux de l’inspection du travail.

Arbitraire

De par son absurdité, cet examen est arbitraire. Seuls les agents ayant pu se réapproprier, par leur parcours professionnel, les critères de sélection posés dans le dossier RAEP ont pu le présenter.
L’ampleur du caractère arbitraire de l’EPIT se perçoit concrètement à travers le nombre de lauréats ex æquo.
L’EPIT ne peut ni prétendre mesurer la valeur professionnelle des agents, ni justifier la sélection de 130 candidats sur 1104 ayant déposé le dossier. Si aucun recalé n’a à rougir de sa situation, le sentiment d’injustice est, lui, bien légitime.

Les contrôleurs se sont retrouvés en concurrence entre eux et le seront à chaque fois qu’ils présenteront l’EPIT.
Par ailleurs, réussir l’examen n’assure pas de voir sa situation réglée en devenant inspecteur. En effet, les reçus devront passer obligatoirement par un service de l’inspection du travail désorganisé par le reste du plan Sapin. Enfin, il reste à confirmer qu’une mobilité géographique ne leur sera pas imposée au sein de leur Direccte.

L’EPIT et le plan Sapin divisent les agents de contrôle

Rien ne justifie que seuls les postes de contrôleur en section soient transformés en postes d’inspecteur, laissant ainsi nos collègues de l’emploi et de la formation professionnelle sur le carreau.
Personne n’a pu justifier ce traitement de défaveur, alors même que, par exemple, rien ne différencie la situation entre contrôleurs et inspecteurs au service de contrôle de la formation professionnelle (SRC).

La division des agents s’accentuera par le bazard résultant de la mise en place du Plan Sapin.
Durant la période transitoire, la transformation au compte-goutte des postes de CT en IT (prévue sur 10 ans!) va créer des tensions entre inspecteurs et contrôleurs. En effet les IT devront, outre leur section, s’occuper des entreprises de plus de 50 salariés des contrôleurs « résiduels ».

Nous retrouverons également tensions et désorganisation pour les secrétaires si des pools de secrétariat sont constitués, et nous savons bien qu’il n’y a qu’une seule raison valable pour en créer : diminuer plus facilement le nombre de poste.

Rappelons également que la mise en place du plan Sapin est entre les mains des DIRECCTE, ce qui leur laissera toute latitude pour casser collectifs de travail, solidarités et cohésions d’équipe. Si le découpage des Unité de contrôle en sera l’une des opportunités, le choix d’affectation des lauréats de l’EPIT en est une autre : il sera facile de « déplacer » un agent lauréat.

Dans ces conditions, il est essentiel d’avoir des revendications unifiantes permettant de mettre en place des dynamiques collectives qui ne poussent pas chaque collègue à un sauve-qui-peut individualiste ne profitant à personne.

Pour cela, il nous faut des revendications qui dépassent le service de l’inspection du travail et la seule thématique de l’indépendance.

Pour sortir par le haut du plan Sapin,
la CNT appelle à continuer la mobilisation
autour des revendications suivantes :

  • la suppression de l’EPIT
  • le passage de tous les contrôleurs : travail, emploi et formation professionnelle dans le corps de l’IT
  • le passage des contrôleurs en inspecteur sur leur poste
  • le passage des agents de catégorie C en SA avec possibilité de passerelle vers le corps de l’inspection
  • pas de pool de secrétariat et maintien du lien entre un poste de secrétariat et un nombre limité de poste d’agent de contrôle
  • une garantie d’organisation et d’effectif des secrétariats par rapport au nombre d’agents de contrôle

Le tract en pdf : Pour une véritable requalification de tous les CT en IT : Supprimons l’EPIT !

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Tous en grève le 22 octobre pour une inspection du travail indépendante au service des salariés !

Le plan Sapin pour un « ministère fort » est un projet de réforme qui comporte plusieurs volets.

Le premier, qui sert au ministre de clé d’entrée, est le corps unique avec une mise en place très lente (10 ans au moins) et très partielle (aucun des postes de contrôleur à l’emploi).

Le second volet, conséquence du premier, est la modification des structures de l’inspection du travail avec le renforcement de la ligne hiérarchique (les responsables d’Unité de contrôle).

Le troisième volet concerne les sections d’inspection du travail spécialisées – au niveau régional et national – qui auront la possibilité de se saisir de dossiers sans l’accord de l’agent de contrôle de la section concernée.

Le quatrième volet est l’emploi. Gardons à l’esprit que si Sapin joue sa carrière sur un dossier, c’est bien sur celui-là. A terme, la disparition des postes d’inspecteur et de contrôleur du travail de ces services va fragiliser le lien – déjà distendu – entre les champs travail et emploi.

Aujourd’hui, les agents de contrôle portent la contestation contre le plan Sapin, notamment autour de la question de l’indépendance.

Si sur cette question le réflexe est de se retrancher derrière la convention 81 de l’OIT, l’indépendance telle qu’elle y est définie est parfaitement maîtrisée par le ministre.

En effet, les articles 4 et 6 nous garantissent l’indépendance face aux changements de gouvernement et aux influences extérieures mais nous placent sous la surveillance et le contrôle d’une autorité centrale.

C’est pourquoi Michel Sapin se sent légitime à fixer un certain nombre d’objectifs dans la droite ligne des politiques précédentes. Il reprend à son compte la priorité du travail illégal en l’axant sur les aspects de la politique migratoire. Autre priorité, la question de la santé au travail pour la simple raison qu’elles représentent un coût financier important.

Pour nous, l’indépendance ne peut pas être considérée dans sa dimension la plus restrictive.

L’inspection du travail doit être au service des travailleurs, de tous les travailleurs. Notre indépendance doit nous permettre de prendre connaissance de toutes les formes de la relation salariale et d’agir dans le sens de la protection des travailleurs.

Cela ne peut se faire que si les agents de l’inspection gardent la maîtrise de leur interventions. Une action fondée sur des lubies politiques, sur des préoccupations économiques ou des statistiques incertaines issues de Cap sitère n’a aucun intérêt et nous éloigne des problèmes réels des travailleurs.

Nous devons fonder notre conception de l’indépendance sur notre histoire et notre pratique. Notre rôle de témoin privilégié du monde du travail doit continuer à nous permettre de mettre en lumière des enjeux ignorés par l’État mais essentiels pour les salariés. Notre rôle social n’est pas, comme le voudrait le ministre, d’être des pacificateurs sociaux limitant les conséquences les plus néfastes du salariat, mais des acteurs du rapport de force entre employeurs et salariés, avec les outils juridiques qui sont à notre disposition.

C’est à nous agents de contrôle de déterminer nos priorités d’action en fonction de nos informations.

Nos échanges entre collègues doivent nous permettre de construire les actions collectives qui sont nécessaires. Pour cela nous n’avons pas besoin de supérieurs hiérarchiques comme les Duc pour nous dire quoi faire, nous avons besoin de collègues avec qui nous pouvons échanger en dehors de toute logique de pouvoir.

Dans ce cadre une égalité de statut des agents de contrôle est indispensable. Au delà du fait que, pour un même travail, rien ne justifie l’existence de deux corps différents, le lien hiérarchique entre inspecteurs et contrôleurs nuit à un échange équilibré entre égaux.

C’est pourquoi la fusion des corps est indispensable – maintenant – et pas en 10 ans !

Cette fusion des corps doit également s’étendre aux services de l’emploi et de la formation professionnelle.

La CNT appelle à la grève le 22 octobre
pour imposer ces revendications :

  • le passage de tous les contrôleurs du travail en inspecteurs sans concours
  • le passage des agents de catégorie C en SA avec possibilité de passerelle vers le corps de l’inspection
  • le renforcement des effectifs
  • une garantie de ratio agent de contrôle / nombre de salariés
  • une garantie d’organisation et d’effectif des secrétariats par rapport au nombre d’agents de contrôle
  • une inspection du travail sans DUC
  • l’abandon des sections spécialisées nationales et régionales

Nous invitons et encourageons toutes les actions locales en résonance à la mobilisation sur Paris pour ceux qui ne peuvent pas y participer.

Nous appelons également l’ensemble des agents à maintenir et renforcer la pression sur la hiérarchie pour entraver la mise en œuvre de cette réforme et à se réunir régulièrement en assemblée générale pour faire le bilan des actions réalisées et démultiplier nos modalités de mobilisation.

Le tract en pdf : Tous en grève le 22 octobre pour une inspection du travail indépendante au service des salariés !

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Affiches Bas-Rhin – Strasbourg Rhônes-Alpes

Affiche des revendications CNT

 
Notre affiche du mouvement contre le Plan Sapin avec les principales revendications de la CNT :

  • Création d’unités de contrôle sans DUC
  • Passage des agents de catégorie C en SA, possibilité de passerelle vers le corps de l’inspection, recrutement d’agents de catégorie C
  • Passage de tous les contrôleurs du travail dans le corps unique de l’inspection par ancienneté
  • Refus des sections spécialisées
  • Doublement des effectifs

 
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Le fichier de l’affiche : Revendications CNT plan Sapin
 
 
 
 

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Pour une inspection du travail indépendante au service des salariés

Voici notre affiche « Pour une inspection du travail indépendante au service des salariés » :
 
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Le fichier de l’affiche : affiche inspection du travail indépendante au service des salariés