Catégories
Rhônes-Alpes Tracts

La Griffe n°3

Vers la casse du Service public de l’emploi!

Notre ami Wikipédia nous définit le service public de l’emploi comme l’ensemble formé par les organismes et agences mises en place par les administrations publiques, dans le but de favoriser l’emploi et la formation professionnelle, et de lutter contre le chômage.

Notre ami Wikipédia est ambitieux…. Sur le site du ministère de l’emploi, les objectifs sont réduits à la fixation d’ «objectifs de performance, s’agissant notamment du retour à l’emploi des publics prioritaires»

Le mot est lâché : la performance du service public de l’emploi !

La performance, c’est l’évaluation de chacun des «multiples organismes et agences» par des indicateurs. Indicateurs fixés par l’Etat dans le cadre de négociations annuelles ou pluri annuelles. Ainsi, Pôle Emploi se retrouve avec 18 indicateurs à améliorer coûte que coûte pour les trois prochaines années.

Ainsi les Missions Locales doivent chaque année améliorer leur «taux de placement» des jeunes entre 16 et 25 ans… et tout cela sans moyens supplémentaires et dans un contexte économique désastreux.

Evidemment aucun moyen supplémentaire, les indicateurs servent justement à vérifier que les subventions attribuées par l’Etat ne seraient pas trop élevées. Et les associations ajustent cette pression financière sur…les salarié(e)s : oublions le Code du travail, le paiement des heures supplémentaires, la revalorisation des salaires… !

Ce ne sont pas aux salariés de structures associatives d’assumer les contradictions d’un système!

 

-*-*-*-*-*-*-*-

L’inspection du travail de l’Indre sent… le Sapin!

Depuis la mobilisation historique des syndicats interprofessionnels du département de l’Indre main dans la main avec l’intersyndicale au complet de l’inspection du Travail le 23 février dernier, pour défendre nos collègues inspecteurs du travail des attaques incessantes du patronat relayées par l’administration, la situation de nos camarades n’a cessé d’empirer : boite aux lettres du domicile détruite à coups de masse, animaux morts déposés devant leur domicile, coups de sonnette la nuit…
Michel SAPIN, encore à l’époque député de l’Indre, veut négocier le départ des inspecteurs du travail pour apaiser les entreprises de son département.
Il demande au DAGEMO et au DGT de s’occuper du «problème de l’INDRE» car faire avec zèle son métier d’inspecteur du travail est un «problème» pour notre ministère.
Face à cette situation nous affirmons que nos collègues n’ont commis aucune faute professionnelle et ne sauraient être l’objet d’aucune sanction!
 

-*-*-*-*-*-*-*-

La retraite? 60 ans et 37,5 annuités!

La réforme des retraites que François Hollande s’apprête à mettre en place exclura la majorité des travailleurs. Il s’apprête ainsi à entériner la réforme de Nicolas Sarkozy, notamment la mise en place des 41 annuités et demi qui toucheront tous les salariés.

En effet, pour faire valoir son droit à la retraite, il ne faudra pas avoir connu de périodes de chômage ou d’arrêt puisque la version de Hollande ne prend en compte que les trimestres cotisés et non ceux simplement validés mais qui n’ont pas amené de cotisations.

Pourtant le gâteau des richesses est toujours plus gros et il suffirait de le partager plus équitablement pour garantir à tous une vraie retraite. Pour cela malheureusement il est illusoire d’espérer quoi que ce soit du pouvoir en place.

Si des négociations sont annoncées, il est clair que sans rapport de force favorable il n’en ressortira pas de réel changement. Une nouvelle fois les travailleurs ne pourront que compter sur eux-mêmes pour imposer d’autres choix.

C’est bien par un mouvement social d’ampleur que la bataille de la retraite pourra être gagnée.

LA CNT revendique :

  • retraite à taux plein à 60 ans pour tous et à 55 ans pour les salariés ayant effectués des travaux pénibles
  • retour aux 37,5 annuités public-privé
  • indexation des pensions sur les salaires
  • garantie d’un taux de remplacement de 75% du salaire brut (calcul sur la base des 6 derniers mois)
  • pas de pensions inférieures au SMIC
  • refus des retraites par capitalisation
  • gestion des organismes de solidarité par les salariés eux-mêmes
  • hausse des salaires, induisant automatiquement une augmentation des cotisations

 

-*-*-*-*-*-*-*-

Harcèlement sexuel…la suite…

Une nouvelle loi a été voté à l’unanimité au Sénat le 12 juillet. Il vise à combler le vide juridique créé par l’abrogation de l’ancienne loi en mai dernier par le Conseil constitutionnel.

Ce texte prévoit deux formes distinctes de harcèlement sexuel, avec des peines bien distinctes. Le premier cas de figure stigmatise tout agissement consistant à « imposer à une personne, de façon répétée, des gestes, propos ou tous autres actes à connotation sexuelle soit portant atteinte à sa dignité, en raison de leur caractère dégradant
ou humiliant soit créant pour elle un environnement intimidant, hostile ou offensant ». Le harceleur risque alors un an de prison et 15.000 euros d’amende.

Dans la seconde situation, « est assimilé à un harcèlement sexuel », le fait mentionné dans le premier cas qui, « même en l’absence de répétition, s’accompagne d’ordres, de menaces, de contraintes ou de toute autre forme de pression grave accomplis dans le but réel ou apparent d’obtenir une relation sexuelle ». Dans ce cas de figure, les sanctions seraient doublées : deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende.

L’Association européenne contre les violences faites aux femmes dénonce:

  • qu’un fait unique soit plus sévèrement sanctionné qu’un fait répété
  • l’inapplicabilité de la seconde infraction au vu des éléments de preuve à fournir par la victime
  • que les faits les plus graves de harcèlement sexuel encourent une peine inférieure à celle d’un vol.

La CNT vous tiendra informée des immanquables évolutions jurisprudentielles.

-*-*-*-*-*-*-*-

Petit Lexique du Chat Noir

«INSERTION»

Terme permettant de véhiculer l’idée que ceux n’ayant pas leur place dans la société capitaliste (du fait même du fonctionnement de cette même société!), doivent être « réinsérés »… cela permet de culpabiliser ceux qui sont exclus du système capitaliste en leur reprochant leur coût pour la société et en leur demandant de faire toujours plus d’effort pour y être réintégrés. Cette réintégration des plus « faibles » permettant de maintenir la concurrence existante entre les demandeurs d’emploi et de baisser les prétentions salariales éventuelles!

La Griffe en pdf : La Griffe n°3

Catégories
Rhônes-Alpes Tracts

Maintenons la pression ! Boycottons les entretiens et les remontées chiffrées

Les entretiens individuels d’évaluation arriveront cette année en mai. Suite à la grève massive du 7 février suivie de celle du 15 mars après les suicides de Luc Béal-Rainaldi et Romain Lecoustre, le ministère a amorcé un recul stratégique concernant les objectifs quantitatifs. Il ne faut pourtant pas se leurrer sur les objectifs et les orientations actuelles du ministère.

Camarade DAGEMO, encore un effort avant la Révolution de l’évaluation…

Il faut d’abord rester lucide sur ce recul. Il ne s’agit aucunement d’une véritable prise de conscience du caractère pathogène de la politique du chiffre mais bien d’un recul ponctuel face à l’ampleur de la mobilisation et l’indignation dans les services. Pour ceux qui en douteraient il faut se reporter aux instructions de la DAGEMO du 23 février dernier, qui prend elle-même le soin de préciser lourdement que l’abandon des objectifs chiffrés pour les entretiens d’évaluation est « exceptionnel, que pour l’année 2012 » .

C’est dire que si le rapport de force faiblit, la pression sur les objectifs chiffrés reviendra dès l’année prochaine.

Mais revenons sur l’entretien cuvée 2012. Au diable donc les chiffres, vive le qualitatif ! Quel est le problème alors ?

C’est oublier que l’évaluation individualisée n’a pas forcément besoin de chiffres pour faire son œuvre de mise en concurrence des agents pour la carotte (les parts variables et les réductions d’ancienneté) et le bâton (les suppressions de primes et la stagnation). A cet égard les services de l’emploi n’étaient déjà pas soumis à un système d’évaluation quantitative type CAPSITERE. Pour autant ils subissent le même management par objectifs et la même « culture du résultat » ; objectifs qui augmentent à mesure que diminuent nos moyens.

Il faut rappeler ici que l’évaluation individuelle des performances (de son vrai nom issu du management privé) est un système essentiellement discriminatoire qui vise à mettre les agents en concurrence pour éviter de poser la question des moyens collectifs. La carotte qu’on nous agite sous le nez est fixée à l’avance et ne va pas augmenter, quand bien même on se tuerait tous au travail pour atteindre ces objectifs. Il faut bien comprendre que l’enveloppe globale pour les primes est prédéfinie et que le pourcentage d’agents susceptibles de bénéficier de réductions d’ancienneté est aussi fixé à l’avance.

C’est dire que si, par miracle, tous les agents atteignaient les fameux objectifs, cela aurait pour effet une augmentation immédiate des dits objectifs et non une augmentation de l’enveloppe à distribuer.

La course à l’objectif est donc un leurre individuel et nuisible à l’ensemble du collectif de travail. Sur fond d’idéologie méritocratique, elle vise à faire croire que l’on peut, et surtout qu’il est légitime, de progresser individuellement au détriment de ses collègues (en se racontant que si on obtient plus que le collègue ou le voisin ça doit sûrement être parce qu’on est meilleur que lui ou plus méritant).

Tout ceci est une mascarade organisée par l’administration qui isole les agents, produit de la souffrance en nous rendant responsables de nos conditions de travail et nous détourne de la lutte collective pour l’avancée des droits pour tous !

L’UT69 à la pointe (comme d’habitude) !

 Plus près de nous maintenant, au sein de notre chère UT69, une nouvelle petite note est apparue concernant les entretiens, se rajoutant à la note DAGEMO du 23 février.

Après avoir, comme il se doit, exercé le chantage classique en introduction en agitant la carotte et le bâton (réductions d’ancienneté et primes), la note veut définir les modalités des entretiens pour 2012. Au-delà du rappel des instructions nationales, notre RUT ajoute alors la petite touche du chef : une couche d’ « entretien collectif avec tous les agents du service destiné » venant se surajouter à l’entretien individuel avec agent.

Tout le talent de la direction est d’avoir voulu faire passer auprès des OS cet ajout « d’objectifs communs par service », comme une prise en compte de la critique de l’individualisation. Et il faut effectivement reconnaître ici l’habileté de la direction dans la formulation de la note, qui pourrait presque faire passer l’entretien 2012 comme un sympathique entretien collectif tout à l’écoute des besoins de chacun, là où, quand on y regarde de plus près, nous sommes en fait face à un renforcement des objectifs dans le cadre des nouvelles directives de la ligne hiérarchique.

Car, en effet lorsqu’on se penche de plus près sur cette note, il y a comme une odeur de ligne hiérarchique qui remonte. Il nous faut ici revenir un peu en arrière et d’abord sur la note de la DGT du 12 mars 2010 sur « l’organisation de la ligne hiérarchique de l’inspection du travail ». Celle-ci prévoyait un «  plan de modernisation de l’inspection du travail, centrés sur management de qualité, impliquant […] les responsables de section d’inspection dans une relation d’autorité basée sur une redéfinition des postes de pilotage, d’appui et de soutien ou agents ». » p.4

Qu’est-ce que « le pilotage de l’action d’inspection » ? C’est notamment s’inscrire « dans une logique diagnostics-objectifs-plan d’action-évaluation-adaptation ». p.5

La ligne hiérarchique de l’inspection du travail consistait alors essentiellement à « formaliser des exigences envers les responsables de section sur le thème de l’animation de la section et de l’exercice de la fonction hiérarchique sur les agents de contrôle (pilotage, appui, soutien, entretien d’évaluation, etc.). »

Comme on sait, tout ceci n’était apparemment pas assez explicite et a donné lieu à une nouvelle note le 13 décembre 2010. Au niveau de la section d’inspection, l’inspecteur ou le DAI est promu « responsable de la mise en œuvre de la politique régionale du travail » p.2. Cette « participation à la politique travail » s’effectue notamment par l’élaboration d’un  « plan d’action annuel de la section », plan d’action lui-même décrit comme un « dialogue formalisé , précis sur les objectifs quantitatifs et qualitatifs, et articulé avec l’entretien professionnel ».

Comme on le voit, la note de notre direction locale, avec son système d’entretien à deux étages (entretien individuel avec chaque agent + entretien collectif au niveau du service) correspond étrangement à l’application fidèle des instructions de la note sur la ligne hiérarchique. Mais, tel Monsieur Jourdain faisant de la prose sans le savoir, Monsieur Bodin fait probablement de la ligne hiérarchique sans le savoir.

Dans tous les cas, il ne s’agit aucunement d’une remise en cause de l’entretien individuel mais bien d’un renforcement des objectifs au niveau du service avec notamment, pour les sections, la mise en place d’un plan annuel de section.

En conséquence nous réaffirmons notre position de boycott de ces entretiens et reprenons les revendications issues de l’A.G. du 15 mars :

  • l’abandon immédiat de tous les objectifs chiffrés;
  • l’arrêt des suppressions d’emplois alors que la charge de travail ne cesse d’augmenter;
  • l’arrêt des suppressions de missions (emplois, formation professionnelle), des mutualisations de fonctions avant leur externalisation;
  • le retrait de la note sur la ligne hiérarchique;
  • l’arrêt de la dévalorisation et de la déstabilisation des agents comme mode de relations hiérarchiques.

Le pdf du tract : Maintenons la pression ! Boycottons les entretiens et les remontées chiffrées

Catégories
Interprofessionnel Rhônes-Alpes Tracts

L’espoir est dans nos luttes !

La crise économique, sociale et écologique que nous subissons depuis plus de 30 ans, nous la payons quotidiennement au prix fort : licenciements, chômage, précarité, racisme, discrimination, expulsions de logement, reconduite à la frontière, vie chère, répression, casse des services publics ou démantèlement de la sécurité sociale… ça suffit !

Un capitalisme en crise qui mène une guerre sociale

S’il est une évidence désormais aux yeux de tous, c’est la faillite internationale du système économique dominant sur la planète et dont le seul moteur est la recherche unique du profit. Et pour les prolétaires, travailleurs, chômeurs ou précaires, de tous les pays et continents, c’est la rigueur.

Une rigueur qui ne s’applique pas uniformément pour tous

Pour ceux d’en haut : hausse des bénéfices, délocalisations, privilèges fiscaux, augmentation des profits.

Pour ceux d’en bas : baisse des salaires, chômage, pauvreté, liquidation des services publics et des acquis sociaux.

Ne pas se laisser diviser par l’État et le patronat

En France, comme dans de nombreux pays européens, l’extrême droite et ses idées avancent. La désignation de boucs émissaires (étrangers, sans papiers, chômeurs, etc.) est un moyen de nous diviser et de détourner la colère sociale. Face aux exploiteurs, il n’y a pas de races, pas de nationalités, et encore moins de couleurs ou de religions, mais un principe fort : la solidarité de classe !

S’organiser et lutter dans l’entraide et la solidarité

Il est temps de s’organiser et d’engager le bras de fer contre le capitalisme et le patronat ! Aux quatre coins de la planète, chaque 1er Mai, la fête des travailleurs est l’occasion pour les peuples de descendre dans la rue.

Pour nous, la solidarité n’est pas un slogan publicitaire. Face à la crise, nous entendons faire vivre l’entraide. Ne restons pas seuls face à un licenciement, un avis de radiation du Pôle emploi, une ordonnance d’expulsion du territoire. Unissons-nous et battons-nous! S’indigner, certes, mais surtout s’organiser.

La CNT veut agir selon ses valeurs

  • Développer un syndicalisme de combat : puisque personne ne travaille à ta place, que personne ne décide à ta place !
  • Lutter dans les entreprises mais aussi dans les quartiers et les communes.
  • Fonctionner en autogestion dans des syndicats où chacun a le pouvoir de décider.
  • Militer dans un syndicat réellement indépendant, sans subvention de l’État ou du patronat.

Aux attaques du capitalisme, répondons par la SOLIDARITÉ ET L’ENTRAIDE

À l’individualisation du système répondons par l’action collective, la FRATERNITÉ SOCIALE

Solidarité avec les peuples des autres pays et continents, la lutte anticapitaliste est INTERNATIONALE

 

MANIFESTATION SYNDICALE UNITAIRE DU 1ER MAI
A Lyon la manifestation partira à 10H 30 de la place Jean Jaurès
(entre place Jean Macé et Gerland) pour rejoindre Bellecour

 
Le tract en pdf : manifestation 1er mai 2012

Catégories
Rhônes-Alpes Tracts

Amiante, le crime social continue, le ministère du travail le cautionne !

amiante-crime-socialAlors que les résultats de la campagne META confirment les craintes de l’AFSSET, le DGT, appuyé au plus haut niveau par le gouvernement, tarde à mettre en application les décrets d’adaptation de la réglementation et fait finalement le choix d’abaisser la VLEP à 10f/litre seulement à l’horizon de 2015, offrant aux entreprises une période transitoire multipliant le risque pour les salariés par 10. Elle refuse également de prendre en compte, lors des mesurages du niveau d’empoussièrement, les fibres courtes d’amiante (FCA) qui représentent pourtant 68% des poussières d’amiante.

Cet arbitrage dont le seul but est de ne pas porter atteinte aux intérêts économiques des entreprises et des maitres d’ouvrage (dont beaucoup sont publics) conduit à exposer encore un peu plus les quelques 110 000 travailleurs de l’amiante et les agents de l’inspection du travail.

En effet, le ministère du travail, au lieu d’appliquer le principe de précaution pour éviter que le crime social de l’amiante ne perdure, préfère dénoncer, dans un article du monde du 16 mars 2012, par la voix de Jean Denis Combrexelle, le Directeur Général du Travail, « une agitation de circonstance ».

« La France est le seul pays à abaisser les valeurs, alors qu’on voit le Canada ou la Chine vendre de l’amiante » nous dit le DGT.

Il réutilise les vielles diatribes des lobbies de l’amiante et tombe le masque : le ministère du travail ne défend pas les intérêts des salariés ni ceux de ces agents, les morts de l’amiante à venir seront en partie ses victimes…

Depuis le consensus adopté à l’Organisation Mondiale de la Santé en 1960 sous la pression des lobbies de l’amiante, seul les fibres appelées OMS, dont la longueur est supérieure à 5 microns, la largeur inférieure à 3 microns et le rapport longueur sur largeur supérieur à 3, sont mesurées pour déterminer le niveau d’empoussièrement professionnel (soit 15% des fibres émises).

En 2003 la communauté scientifique internationale a été alertée sur la pathogénicité potentielle des fibres fines (FFA) et des fibres courtes (FCA) d’amiante. En France le ministère du travail a donc sollicité en 2005 et en 2007 l’AFSSET (L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail devenue ANSES l’agence nationale de sécurité sanitaire en 2010) pour rendre un avis sur la pertinence de la prise en compte des risques liés aux FCA et FFA, dans la réglementation.

« L’expertise de l’Afsset conclut que les fibres fines ont un effet cancérogène significatif. Pour les fibres courtes, rien ne permet d’écarter un effet cancérogène,… ces fibres courtes prédominent très largement dans les lieux où les matériaux amiantés se dégradent et ne peuvent être ignorées. » Communiqué de presse de l’AFSSET du 17 février 2009.

L’AFSSET recommande ainsi, pour protéger les professionnels, d’abaisser la VLEP (100fibres/litre) sans attendre et de comptabiliser les fibres FFA systématiquement lors des mesurages du niveau d’empoussièrement par la méthode META (microscopie électronique à transmission analytique), ce qui représente 17% de fibres comptabilisées en plus par rapport à la méthode de comptage MOCP.

En matière de santé publique, L’AFSSET préconise d’abaisser le seuil réglementaire du niveau d’empoussièrement résiduel autorisé (fixé aujourd’hui à 5 fibres (OMS+FFA) /litre), et de créer un seuil réglementaire pour les FCA dans les environnements intérieurs.

Retour sur la campagne META

Le Directeur Général du Travail décide en octobre 2009, sans modifier d’une virgule la réglementation en milieu professionnel afin de ne pas entraver la poursuite des chantiers de retrait d’amiante, de mener une campagne de mesurage de l’empoussièrement par la méthode META. Il s’agit de mesurer sur les chantiers de retrait d’amiante les différentes classes granulométriques de fibre d’amiante (OMS, FFA, FFA), en fonction des matériaux et des techniques de retrait utilisées, pour vérifier empiriquement le fondement des recommandations de l’AFSSET.

L’INRS transmet officiellement le rapport final à la Direction Générale du Travail (DGT) le 22 septembre 2011. Les résultats de la campagne META sont affligeants. Que nous dit le rapport ?

D’une part, que la méthode de mesurage MOCP (microscopie optique à contraste de phase) du niveau d’empoussièrement ne mesurait pas toutes les fibres dites OMS (15% des fibres émises). D’autre part, que les fibres fines (FFA) qui n’étaient pas comptabilisées lors des mesurages par MOCP, représentent 17% du nuage d’amiante en moyenne.

Ainsi on peut affirmer que les niveaux d’empoussièrement, mesurés par les entreprises pour justifier du respect de la Valeur Limite d’Exposition Professionnelle (VLEP de 100f/l), ont systématiquement été sous-estimés.

De plus, lors des travaux de retrait de certains matériaux, les fibres d’amiante (OMS+FFA) mesurées par la méthode META constituent un empoussièrement si élevé (plus de 25 000 f/l) que les facteurs de protection maximum des Appareils de Protection Respiratoire (APR) portés par les salariés (y compris les masques à adduction d’air) ne permettent pas de respecter la VLEP de 100f/L. C’est le cas notamment lors du retrait des plâtres et flocages amiantés.

Enfin, les fibres courtes (FCA), dont le caractère cancérogène ne peut pas être écarté aujourd’hui, représentent en moyenne 68% des fibres émises lors des opérations de retrait et atteignent des niveaux d’empoussièrement records, plus de 250 000 fibres/litre.

amiante-cancer-medefLe hic, même si ce n’est que secondaire, c’est que les salariés et les inspecteurs du travail ayant participé à la campagne n’ont pas été prévenus qu’on les envoyait au casse-pipe. Quinze collègues d’Ile de France ont reçu récemment une gentille grille détaillant leurs niveaux d’expositions. Sept d’entre eux ont été exposés à plus de 25 000 fibres (OMS+FFA).

La note du DAGEMO, Joël Blondel, adressée aux DIRECCTE, rappelle que ces agents ont été exposés à des seuils dangereux, et demande aux responsables hiérarchiques de déclarer leurs expositions en accident de service (« à titre préventif, dans un soucis de renforcement de la protection juridique de l’agent en cas de problème médical ultérieur »).

Pour les salariés la reconnaissance de l’exposition ne viendra sans doute jamais car le ministère a veillé à conserver l’anonymat des entreprises intervenantes dans le cadre de la campagne.

L’instruction du 23 novembre 2011 de la DGT : comment assurer l’impunité aux entreprises et décrédibiliser l’action de l’inspection du travail ?

Le DGT publie sur le site du premier ministre l’instruction du 23 novembre 2011 afin qu’elle soit opposable par les entreprises aux agents de l’inspection du travail qui voudraient intervenir pour protéger les salariés du bâtiment.

Alors, que nous dit cette fameuse instruction?

La note nous informe que la VLEP actuellement fixée à 100f/l ne va pas changer avant une période transitoire de trois ans. En 2015, elle passera de 100 à 10f/l.

Le niveau d’empoussièrement devra immédiatement, y compris pendant la période de transition, être mesuré selon la méthode META pour prendre en compte l’ensemble des fibres OMS et FFA.

Elle nous précise que la notion friable/non friable n’a plus lieu d’être et que les mesures de protections individuelles à mettre en œuvre pour protéger les salariés dépendront dès lors de quatre niveaux d’empoussièrement.

Les niveaux d’empoussièrement seront déterminés en multipliant la VLEP (aujourd’hui 100, en 2015 10f/l) par le facteur de protection maximum des appareils de protection respiratoire (APR) qui sont respectivement de 60 pour un masque TMP3 à ventilation assisté, et de 250 pour un appareil respiratoire à adduction d’air à pression positive.

Cependant, il n’est pas prévu dans les futurs décrets modificatifs de prendre en compte les fibres courtes d’amiante (FCA) ni pour évaluer les risques encourus par les travailleurs ni pour mesurer les niveaux d’empoussièrement. Ces fibres représentent pourtant 68% des poussières d’amiantes émises et atteignent des concentrations pouvant être supérieures à 250 000 f/l, soit plus de 50 000 fois le seuil fixé par le code de la santé publique.

Ainsi, seulement 32% de l’empoussièrement des zones de travail sera mesuré par les entreprises pour contrôler le respect de la VLEP.

Sur la base des principes généraux de prévention, il est demandé aux agents de contrôle de l’inspection du travail de gérer, sans base légale, cette « distorsion » due à la période transitoire de modification de la réglementation, par « une élévation des niveaux de prévention à mettre en œuvre sur les chantiers selon les modalités techniques définies dans le guide INRS (ED 6091) ».

Sauf que le guide en question a défini des niveaux d’empoussièrement bien inférieurs à ceux de la DGT, qui plus est sur la base de mesurage en MOCP, comptant deux fois moins de fibres que la méthode META.

On peut retranscrire un tableau comparatif des appareils de protection respiratoire à utiliser en fonction des niveaux d’empoussièrement de la DGT, du guide de l’INRS et de ceux qui seront applicables d’ici trois ans avec la VLEP à 10f/l.

tableau-amiante-VLEP-amiante-APR

amiante-réunionLa note d’instruction de la DGT vise donc une généralisation de l’utilisation du masque TMP3 (jusqu’à 6000f/l) alors qu’elle devient dangereuse au-delà de 600f/l. De plus, elle autorise les entreprises sur la base du facteur de protection des APR à être au maximum de la VLEP, alors que le code du travail prévoit pour l’employeur l’obligation d’abaisser au maximum, « autant qu’il est techniquement possible » le niveau d’empoussièrement. Sous prétexte d’appliquer les principes généraux de prévention, la DGT les viole, ce sont les salariés qui en paieront les conséquences.

Bien à l’aise de rajouter dans l’instruction « en cas de constat d’une situation d’exposition des travailleurs, les agents de contrôles mettront en œuvre les moyens coercitifs appropriés ».

En effet, le DGT veut démontrer que la situation est contrôlée notamment par l’inspection du travail. Seulement les agents de l’inspection qui ne sont pas assez nombreux, pas assez formés, et qui ne disposent pas eux même des protections adaptées pour répondre à l’ampleur de cette problématique sanitaire se sont vus exhortés à la prudence. Autant dire que les chantiers de désamiantage sont devenus des zones de non droit à la merci du patronat.

L’enjeu économique d’une VLEP à 100f/litre prioritaire devant l’enjeu sanitaire

Le 15 septembre 2009 devant l’absence de réaction du ministère du travail, l’AFSSET publie un nouveau communiqué de presse qui recommande : « Dans un premier temps et sans plus attendre, l’Afsset propose de l’abaisser à 10f/L, en moyenne sur 8 heures, cela représente une diminution du risque d’un facteur 10», estimant « qu’elle (la VLEP à 100f/l) fait courir un excès de risque pour un travailleur de 3,3.10-3 (3,3 cas de cancers supplémentaires pour 1000 travailleurs exposés) qui ne peut être considéré comme acceptable. »

L’AFSSET précise cependant que « pour ce puissant cancérogène sans seuil de toxicité, seule la valeur la plus basse possible est acceptable (principe « ALARA »). L’Afsset recommande donc au ministère chargé du travail de réévaluer cette valeur régulièrement, afin de l’abaisser. »

En publiant ces chiffres l’AFSSET lance dès le 15 septembre 2009 un signal d’alarme au ministère du travail, afin qu’il prenne la mesure du désastre sanitaire passé et à venir et modifie sans délai la réglementation. Mais la volonté politique n’y est pas, la DGT a fait le choix de maintenir la VLEP en milieu professionnel à 100f/l depuis 2009.

Derrière cette décision politique il y a des enjeux économiques à sauvegarder avec détermination.

En effet, abaisser la VLEP c’est surtout générer des coûts supplémentaires pour les entreprises qui doivent, dès lors, développer des techniques de retrait nouvelles, notamment plus mécanisées, ou prévoir des phases de retrait plus longues pour protéger les travailleurs. De plus, diminuer la VLEP conduirait les entreprises à gonfler la facture présentée aux maîtres d’ouvrage dont beaucoup sont publics. C’est d’ailleurs le DGT qui le dit dans le monde du 16 mars, « de nombreux maires de gauche comme de droite ne tiennent surtout pas à ce que les chantiers de désamiantage s’arrêtent ». Les collectivités locales et territoriales seraient les premières impactées par une telle réforme avec les promoteurs immobiliers et bien sûr les autres maîtres d’ouvrage privés.

N’oublions pas que monsieur Jean Denis Combrexelle, qui suit le dossier de l’amiante depuis plus de dix ans, nous a déjà fait démonstration de son zèle à soutenir les entreprises de désamiantage et le patronat contre les agents de l’inspection qui sont les seuls à monter au créneau sur l’amiante. Rappelons-nous notamment du scandale des masques Proflows, et des instructions, désavouées notamment par le TGI de Rouen, visant à décrédibiliser l’inspection du travail qui préconisait la prise en compte du caractère friable d’un matériau à la base non friable suivant la technique de retrait afin d’assurer une protection optimale des travailleurs.

Cela étant avec le rapport de la campagne META le risque juridique existe bel et bien pour le DGT et le ministre du travail qui doivent cependant réagir. Alors comment éviter de se retrouver dans vingt ans mis en examen tout en essayant de protéger les intérêts économiques des puissants (politiques et patronat)? En effectuant une pirouette rhétorique et en faisant appel à l’expertise des techniciens. En effet, la DGT nous affirme que la période transitoire est nécessaire car on ne sait pas aujourd’hui assurer techniquement la protection des travailleurs, encore moins avec une VLEP à 10f/l. Elle précise que cette période permettra aux entreprises « d’ajuster leur évaluation des risques, d’innover en matière de protection collective et individuelle etde rechercher les meilleurs moyens de prévention disponibles ».

La DGT gagne du temps au détriment de la santé des travailleurs mais son argumentation ne tient pas, car les techniques existent pour réduire le niveau d’empoussièrement. Elles sont simplement plus coûteuses.

Si le ministère n’avait pas ouvert le marché de l’amiante à l’ensemble des entreprises de démolition, alors que le travail de retrait de l’amiante est hautement qualifié, les entreprises qui sont aujourd’hui certifiées selon des critères au rabais n’auraient pas à ajuster leur évaluation des risques. Devant ce constat d’échec, plutôt que d’interdire le retrait de l’amiante, comme l’a demandé le groupe socialiste le 2 mars dernier en déposant un moratoire à l’assemblée nationale, le gouvernement préfère faire croire aux salariés qu’ils sont protégés lorsqu’ils travaillent dans un niveau d’empoussièrement inférieur à 100f/l, alors que le code du travail les expose 20 fois plus que le code de la santé publique sans aucune justification.

amiante-interdiction-respirationNe soyons pas cyniques, cela ne représente « que  330 cas de cancer en plus » parmi les 107 000 salariés chargés du retrait de l’amiante et « seulement 6000 cas de cancer en plus » liés à l’amiante chez les professionnels du BTP, dont la plupart ne sera pas reconnue par la CPAM. Ces victimes s’ajouteront aux 100 000 morts liés à l’amiante à venir d’ici à 2025.

Ces victimes seront pourtant celles du ministère du travail.

Les insuffisances de la réglementation en matière de prévention et de protection du danger que représente l’inhalation des fibres d’amiante sont légions, notamment en matière de repérage des matériaux contenant de l’amiante, ou de responsabilités pénales des donneurs d’ordre. Cette politique mortifère doit être stoppée et la responsabilité pénale du DGT et des politiques pourrait être engagée.

Cela est parfaitement possible puisque le Comité Permanent Amiante (CPA), composé notamment de l’ancien secrétaire général de l’INRS, vient d’être récemment mis en examen pour « homicides, blessures involontaires et abstention délictueuse ». Le CPA avait dirigé la politique de l’amiante de 1982 à 1995 à la faveur des industriels et produit de fausses informations pour retarder l’interdiction de l’amiante en France.

Nous refusons de laisser les salariés du BTP être exposés aux risques de contracter un cancer lié à l’amiante.

La CNT demande au ministère du travail, pour que les travailleurs de l’amiante soient enfin considérer comme des hommes et non comme des consommables et que les agents de l’inspection du travail soient enfin protégés contre l’amiante, de prendre ses responsabilités et d’interdire le retrait de l’amiante jusqu’à :

1) La reconnaissance de l’exposition de tous les salariés du désamiantage depuis 1997. Ces salariés, que le ministère du travail a fait travailler avec des protections inadaptées dans une atmosphère ou l’employeur mesurait moins de 15% des fibres d’amiantes dans l’air pour justifier du respect d’une VLEP de 100f/L, soit 20 fois supérieur au seuil du code de la santé publique, ont été abondamment exposés à l’amiante.

2) L’abaissement immédiat, conformément aux recommandations de l’AFSSET, de la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) réglementaire au seuil le plus bas possible et, au minimum, au niveau de la valeur du code de la santé publique.

3) La prise en compte des FCA dans les mesures du niveau d’empoussièrement, dont le caractère cancérogène est fortement suspecté et qui représente 70% des fibres émises lors des opérations de retrait.

4) Un renforcement significatif de la réglementation en matière de repérage avant travaux des matériaux contenants de l’amiante ainsi que l’élaboration de critères drastiques de certification des opérateurs de repérage et des entreprises de désamiantage. En attendant, nous appelons les agents de l’inspection à ne plus pénétrer sur les chantiers de retrait d’amiante afin de protéger leur santé.

Nos vies valent plus que leurs profits !!!

 

Le tract en pdf : Amiante : crime social du ministère du travail

Catégories
Rhônes-Alpes Tracts

Contre la politique managériale mortifère du ministère du travail : Continuons la mobilisation !

Après la mobilisation massive du 7 février pour exprimer notre colère suite au suicide de Romain, l’administration amorce un recul stratégique en annonçant dans la note de service du 23 février 2012 que pour les entretiens individuels d’évaluation « à titre exceptionnel, que pour l’année 2012, les objectifs devront être d’ordre exclusivement qualitatif ». Le ministère reconnaît ainsi de fait que la politique du chiffre est facteur de souffrance pour les agents… tout en précisant tout de suite qu’il ne s’agit là que d’un recul « à titre exceptionnel pour l’année 2012 ».

Mais derrière ce recul stratégique pour calmer le jeu, sur le fond, rien ne change :

  • les suicides de Romain et de Luc n’ont pas été reconnus comme accidents de service;
  • le principe de la politique du chiffre n’est absolument pas remis en cause : le BOP continue d’être présenté dans toutes les UT et la PFR va s’appliquer comme prévu;
  • la RGPP continue son travail de destruction du sens de notre travail et du service public;
  • le ministère annonce l’envoi prochain d’une note prévoyant le retrait d’un 30e pour ceux qui n’effectueraient pas assez de remontée CAP SITERE.

Le ministère n’a manifestement toujours pas compris et est prêt à continuer sa politique mortifère sans compter ses morts, il faut donc se mobiliser à nouveau massivement pour se faire entendre.

Nous n’aurons que ce que nous prendrons

Individualisation des salaires, politique du chiffre, destruction du collectif de travail par la mise en concurrence des agents, isolement et soumission face à une hiérarchie docile, destruction du sens même de notre travail…, sont les ingrédients du cocktail Molotov que nous balance le ministère du travail, depuis près de 10 ans.

Le ministère du travail, coupable de la mort de Romain, de nos souffrances, de la destruction du sens de nos missions, continue la mise en œuvre du rouleau compresseur. Réagissons !

La CNT appelle tous les personnels à se mettre en grève le jeudi 15 mars et à monter sur Paris pour manifester :

  • Notre détermination à mettre fin à cette politique de management par l’individualisation et la détermination d’objectifs chiffrés qui détruit le sens de notre travail.
  • Notre colère contre l’administration et la hiérarchie zélée qui mettent en œuvre avec tant de zèle cette politique inhumaine et qui sont responsables de la mort de Romain.
  • Notre révolte devant la diminution continue de nos moyens qui ne cesse accroître la souffrance dans nos services.

Au-delà de cette journée de grève la CNT s’inscrit pleinement dans la motion adoptée lors de la grève du 7 février, par les agents de la DIRECCTE réunis en assemblée générale en appelant à :

  • se retirer des entretiens professionnels;
  • cesser les remontées chiffrées sous toutes leurs formes.

 
Le tract en pdf : Contre la politique managériale mortifère du ministère du travail : Continuons la mobilisation !

Catégories
Rhônes-Alpes Tracts

La Griffe n°1

Allez hop mettez les tous en formation!

Le Président– candidat l’a exigé: les salariés de Pole Emploi doivent envoyer en formation tous les demandeurs d’emploi de longue durée. Une mesure surprenante qui s’explique. D’abord parce que lorsqu’un demandeur d’emploi est en formation , il n’est plus comptabilisé dans les chômeurs de catégorie A, catégorie sur laquelle se base actuellement le calcul du taux de chômage. Cela permettra par conséquent de faire diminuer artificiellement le nombre de chômeurs avant les échéances électorales!

Ensuite, cela s’explique par le fait qu’il…..n’y a pas assez d’offres d’emploi pour tout le monde. Ainsi en Rhône Alpes, en janvier 2012, Pole Emploi a eu 26061 offres d’emploi pour 263150 demandeurs d’emploi de catégorie A. Même en prenant en compte que Pôle Emploi n’a dans ses fichiers que 20% des offres du marché, difficile de nous faire croire qu’il y a du travail pour tout le monde et que seuls les faignants ne trouvent pas de boulot!!! Donc… les demandeurs d’emploi vont devoir retourner en classe….mais dans les secteurs en tension bien sûr…. L’Etat ne va quand même pas financer des formations pour des métiers sans débouchés! Hummm? Mais comment se fait il qu’il y ait des métiers en tension avec un tel décalage entre le nombre ridicule d’offres d’emploi et le nombre toujours croissant de demandeurs d’emploi?….

Cela s’expliquerait il par des horaires de travail incompatibles avec une vie personnelle? Par des salaires trop peu élevés? Par des conditions de travail pénibles?

Et si pour une fois nous prenions le problème dans l’autre sens et exigions du patronat de réels efforts sur les conditions
de travail avant de taper sur les demandeurs d’emploi?

-*-*-*-*-*-*-*-

Le nouveau scandale de l’amiante!

Suite au consensus adopté en 1960 à l’Organisation Mondiale de la Santé, les fibres courtes et fines d’amiantes ne sont pas prises en compte dans le calcul du niveau d’empoussièrement en milieu professionnel.

En 2003, la communauté scientifique international a alertée sur la pathogénécité potentielle de ces fibres. En réponse, le ministère du travail a demandé une étude à l’AFSSET. Cette dernière a conclu en 2009 que les fibres courtes et fines d’amiante avaient un effet cancérigène significatif et recommandait la modification immédiate des valeurs limites auxquelles les salariés sont exposés. Le ministère a temporisé et lancé une campagne de mesurage… Deux ans plus tard les résultats rendus publics en septembre 2011 par l’INRS sont encore plus alarmants!!

Neuf ans après la première alerte sur la dangerosité de ces fibres auxquelles sont exposés 2 millions de salariés travaillant dans le BTP, le ministère du travail envisage un changement de réglementation dans… 3 ans!

Nous exigeons une modification immédiate des VLEP ! La santé des travailleurs de l’amiante en dépend!

-*-*-*-*-*-*-*-

Les compétences clés à la loupe!

Le dispositif des compétences clés permet aux plus précaires de développer le strict minimum pour pouvoir se faire exploiter sans risquer de générer un surcoût pour l’employeur : accident du travail par méconnaissance des pictogrammes de sécurité, perte de productivité par incompréhension des consignes etc.

En réalité, les cours d’alphabétisation permettent surtout la lecture superficielle du contrat de travail pour se donner bonne conscience républicaine : « Il a signé en connaissance de cause ». Le développement des savoirs-être inculque la nécessité de se lever tôt le matin, d’aller faire un travail pénible payé des miettes, et de dire merci. C’est la compétence de compréhension des droits (de se faire exploiter) et des devoirs (de fermer sa gueule).

Effectivement, ces compétences sont la clé du monde du travail !

-*-*-*-*-*-*-*-

Pourquoi notre lexique de la langue de bois

En 1968, un philosophe aujourd’hui oublié, Herbert Marcuse, nous mettait en garde : nous ne pourrions bientôt plus critiquer efficacement le capitalisme, parce que nous n’aurions bientôt plus de mots pour le désigner négativement.
30 ans plus tard, le capitalisme s’appelle développement, la domination s’appelle partenariat, l’exploitation s’appelle gestion des ressources humaines, et l’aliénation s’appelle projet. Des mots qui ne permettent plus de penser la réalité, mais simplement de nous y adapter en l’approuvant à l’infini.

Ainsi, par exemple, nous sommes tous plus ou moins conscient de l’impérieuse nécessité de nous opposer à la «démarche qualité», s’agissant de l’intervention sociale, culturelle, éducative, ou médico-sociale. Mais à moins d’avoir
sérieusement approfondi la question, cette nécessité reste pour le moment au niveau d’une intuition. Il nous semble que
quelque chose ne va pas dans cette démarche.

Mais comment s’opposer à la « qualité » à moins de passer pour un fou ou un saboteur ? Nous ne le pouvons pas ! A moins de dévoiler le mensonge du langage, nous sommes désormais condamnés à accepter TOUT ce qui se présente sous cette démarche. La question stratégique qui se pose à nous est donc : « comment nous réapproprier un langage critique » qu’on nous a interdit, volé, maquillé, dont on nous a dépossédé ? De quelle manière ? cela est-il simplement possible, et à quel prix ?

C’est en essayant de résoudre ces problèmes que nous avons créé cet atelier de désintoxication de la langue de bois du Ministère du Travail et de l’Emploi.

« FORMATION »

En 1971, la loi sur l’éducation permanente, grande victoire de l’après 68 arrachant le savoir adulte des universités, se pervertit dans la «formation continue». Le droit de s’instruire à tout âge devient le devoir de se former toute sa vie, de se rendre employable dans une société ultra-productive et compétitive. Quand le chômage est un choix d’organisation de l’économie, on se forme pour rester dans la compétition !

« COMPÉTENCE(S) »

Management / jugements psychologiques de la personne remplaçant «métier» et «qualification».

Permet de détruire la mobilisation collective au profit de l’individualisation des carrières.
Comme il faudra désormais en changer cinq à six fois dans une vie, ce sont les «compétences» à s’adapter, à se rendre «employable» qui serviront désormais à évaluer les travailleurs (pardon les collaborateurs»).

Finissons en avec le « savoir faire » et célébrons l’ère nouvelle du « savoir-être ». Savoir être docile, souple, interchangeable, malléable, motivé, imaginatif, créatif, convivial, communiquant… et plaisant à son employeur (pardon – à son collaborateur).

La Griffe en pdf : La Griffe – 01

Catégories
Interprofessionnel Rhônes-Alpes Tracts

Ne payons pas leur crise ! Luttons !

Sarkozy annonce une nouvelle curée: ripostons !

« Ça ne change rien », voilà ce que Sarkozy promettait au lendemain de la perte du triple A français. Il nous assurait que ce ne serait pas les agences de notation qui dicteraient la politique économique hexagonale. Pourtant, une nouvelle fois il annonce un plan d’austérité supplémentaire pour «  rassurer les marchés », faisant payer le plus lourd tribut aux travailleurs. Appliquant jusqu’au bout sa politique de classe au service du patronat et des plus riches, le gouvernement continue plus que jamais à détruire méticuleusement les conquêtes sociales et les droits arrachés par les luttes passées.

TVA Antisociale

Les exonérations de cotisations sociales patronales représentent déjà près de 30 milliards (notamment sur les bas salaires jusqu’à 1,6 fois le SMIC et les heures supplémentaires) et bien que chaque année la Cour des Comptes dénonce leur inefficacité, Sarkozy en rajoute 13 milliards en substituant cette fois une partie des cotisations sociales par une hausse de la TVA. La « TVA antisociale » contribuera à 11 des 13 milliards d’euros des nouvelles exonérations patronales alors que la relative augmentation de la CSG sur les revenus du capital ne fournira que 2 milliards.

Les profits du CAC 40 s’annoncent une nouvelle fois en dizaines de milliards d’euros et ce sera toujours aux mêmes de se serrer la ceinture. C’est 11 milliards de plus offerts au patronat et sous-tirés de nos poches car il est évident que cette hausse de la TVA produira une hausse des prix pour tous.

Plus fondamentalement Sarkozy creuse une nouvelle brèche dans le système de financement de la protection sociale. En effet, une grande partie des cotisations patronales sera désormais portée par l’ensemble de la population. Le Medef, par la voix de Madame Parisot, s’est d’ailleurs félicitée de cette mesure, trop heureuse que les entreprises puissent se défausser sur la collectivité de l’obligation de payer la partie socialisée du salaire. C’est ainsi que le patronat plaide pour que soient basculées sur la fiscalité les cotisations retraites, les cotisations maladie et les cotisations de la branche famille.

Les accords « compétitivité-emploi » : la légalisation du chantage patronal

Toujours dans sa droite ligne de reculs sociaux, Sarkozy a aussi accordé le pouvoir aux entreprises de revoir à la baisse les conditions de travail au nom de la compétitivité des entreprises. Le chantage à la délocalisation déjà pratiqué par plusieurs entreprises (Siemens en 2004, Bosch en 2005) pour faire accepter des conditions de travail au rabais se trouve ainsi légalisé.

tunnel-austérité

Plus précisément ces accords « compétitivité-emploi » signent la mort définitive des 35h. Après avoir permis en 2008 de négocier des taux de majoration des heures supplémentaires inférieurs au taux légaux, l’enjeu est ici d’en finir avec la durée légale des 35 heures. Des accords dérogatoires pourront désormais fixer une durée de base supérieure à la durée légale. La boucle est bouclée, les travailleurs pourront travailler plus pour gagner moins.

Ce troisième plan d’austérité montre clairement une accélération des réformes réactionnaires. Les deux premiers étant passés dans une quasi-atonie syndicale, ce nouveau plan essore encore davantage les classes populaires et les plus précaires.

La « crise de la dette » ou comment convertir la crise du capitalisme en offensive anti-sociale ?

La dette publique sert aujourd’hui de prétexte pour imposer une régression sociale sans précédent. Non seulement les plans d’austérité sont socialement inacceptables mais ils sont économiquement une impasse. Les marchés veulent que les déficits publics soient réduits pour que les Etats payent la dette. Ce faisant on comprime toujours plus l’activité économique. La récession généralisée est au bout du chemin, avec pour conséquence un accroissement des déficits que l’on prétendait réduire.

De la dette privée à la dette publique : l’austérité pour tous

Il faut tout d’abord rappeler ce qu’on a tendance à oublier ces temps-ci dans les medias, à savoir que cette crise a pour origine la crise des subprimes. Des courtiers et des banquiers se sont enrichis en plaçant des prêts immobiliers à taux variable auprès d’Américains pauvres dont ils savaient pertinemment qu’ils n’auraient pas les moyens de les rembourser. Le capitalisme financier a ainsi profité de l’obligation dans laquelle se trouvent les ménages populaires de se surendetter du fait de la compression continue des salaires.  

Les banques menacées de faillite ont alors fait l’objet de multiples plans de sauvetage par les États. La crise des dettes privées déclenchée par la chute de Lehman Brothers s’est ainsi miraculeusement transformée en crise de la dette publique. Par ce fantastique retournement de situation les libéraux ont eu une occasion inespérée de rançonner les populations comme jamais auparavant à grands coups de plan d’austérité généralisée. Et, de fait, maintenant que les banques ont été gracieusement remises à flot l’attention se tourne vers le « problème de la dette publique ».

Il s’agit bien ici d’une socialisation des pertes aboutissant à renflouer des établissements financiers qui aujourd’hui prêtent aux États européens en crise à des taux prohibitifs, tout en se refinançant à bon marché auprès de la banque centrale européenne (BCE). Car si la BCE a l’interdiction de consentir des prêts aux États, elle a distribué en décembre dernier 489 milliards d’euros en prêt sur trois ans à plus de 520 banques européennes. Avec ces ressources supplémentaires les banques peuvent prêter aux États endettés en réalisant un joli bénéfice. En empruntant à 1 % à la BCE, il est vrai qu’il est facile pour elles de prêter à l’Italie ou à l’Espagne à 4-5 % et de gagner facilement beaucoup d’argent…

Offrir tant d’argent à si bas taux d’intérêt est un beau cadeau de Noël pour les banques.

Ce système dans lequel la BCE joue le rôle de prêteur exclusif pour les banques privées revient à jouer à un curieux jeu de pile ou face. Face, la spéculation gagne, Pile le peuple perd.

La crise n’est donc pas perdue pour tout le monde et du chaos né du capitalisme financier sort opportunément une occasion d’aller encore et toujours plus loin dans les recettes néolibérales au nom de l’ajustement budgétaire. Et des coupes dans les budgets publics jusqu’aux baisses de salaires (direct ou indirect avec les cotisations sociales) qui s’annoncent on rentre dans un spirale dépressive qui va creuser les déficits du fait de la diminution des recettes fiscales et amener de nouveaux plans de réajustement et ainsi de suite.

C’est en effet l’austérité généralisée qui est censée faire baisser le niveau atteint par les dettes publiques. Or les plans d’austérité poussent la zone euro dans la récession, où elle se trouve d’ailleurs probablement déjà. Dès lors, cette récession empêche les États de réduire leur endettement, qui tend au contraire plutôt à s’accroître. La Grèce, même s’il s’agit d’un cas particulier extrême, illustre l’impasse de cette stratégie suicidaire : après quatre années de récession, sa dette publique a quasiment doublé par rapport au niveau qu’elle avait atteint en 2007.

En un mot le capitalisme et « l’ordre néolibéral » qu’il promeut a eu le réel talent d’avoir converti en grande avancée antisociale une crise qui aurait dû signer  leur disqualification historique.

Reprendre le contrôle des banques

Les banques jouent un rôle central dans le fonctionnement de l’économie. Elles ont été sauvées lors de la crise financière de 2008 par l’intervention des États. Or, le paradoxe, c’est qu’elles n’ont jamais été aussi puissantes. Les gouvernements, en particulier en France, ont aidé les banques sans aucune contrepartie.

Dans cette situation, il faut aujourd’hui reprendre le contrôle des banques. La création monétaire qu’elles opèrent en accordant des crédits ne peut être laissée dans les mains des actionnaires privés et décidée suivant des critères de rentabilité financière. L’activité des banques doit être tournée vers le financement de l’activité productive visant prioritairement la satisfaction des besoins sociaux.

Ces mesures supposent de déprivatiser le système bancaire et d’instaurer sur les banques un contrôle public démocratique. Une nationalisation qui laisserait en l’état le système bancaire actuel serait sans effet sur sa place et son rôle dans la société. C’est à sa refondation et à sa socialisation qu’il faut s’attacher. On ne peut laisser l’exercice de la politique monétaire aux mains des technocrates néolibéraux qui dirigent la BCE.

Engager une réforme fiscale d’ampleur

Au cours des deux dernières décennies, le déficit budgétaire s’est creusé, malgré la stabilité globale des dépenses en proportion de la richesse nationale. La cause essentielle : la contre-révolution fiscale menée depuis plusieurs années par les gouvernements successifs, et considérablement aggravée par Nicolas Sarkozy.
Les impôts progressifs ont vu leur part dans les recettes fiscales diminuer. Dans le même temps l’impôt sur le revenu est devenu de moins en moins progressif, passant de 13 tranches à 5 entre 1986 et aujourd’hui, et son taux marginal de 65% à 41% en 20 ans. L’impôt sur les sociétés a vu son taux passer de 45 % en 1989 à 33 % actuellement. L’imposition sur le patrimoine a connu un démantèlement accéléré sous l’ère Sarkozy : les droits de succession ont été largement allégés et le rendement de l’ISF fortement amoindri. Les revenus financiers ont quant à eux continué de bénéficier de faibles taux d’imposition au cours des dernières années. Il faut ajouter à cela les quelques 500 niches fiscales dont le coût total est estimé à 145 milliards d’euros à 2010. Il faut enfin ajouter, depuis trente ans, les multiples mesures d’exonération des cotisations sociales patronales, mesures presque totalement financées par le budget de l’État.
On le voit les déficits publics ne sont pas la conséquence irrémédiable d’un trop plein de dépenses publiques mais bien le résultat d’une politique de classe au service des classes possédantes.
Tout cela s’est effectué dans un contexte de dumping fiscal dans l’Union européenne comme dans le monde. On a donc pu assister à un appauvrissement programmé des finances publiques. Les différents plans de relance et sauvetage des banques ont ensuite largement contribué à une forte aggravation de la dette publique depuis 2008.
Une des racines de la dette trouve donc son origine dans le manque de recettes fiscales dû à la contre-révolution fiscale en œuvre depuis une trentaine d’années. Une réforme fiscale d’ampleur doit permettre de réduire l’ampleur du déficit et de redonner des marges de manœuvre aux politiques publiques.

Le M.E.S. : nouvelle gouvernance européenne au service du capital

Le « mécanisme européen de stabilité » (M.E.S.) est censé être un outil de gestion des crises financières de la zone euro qui doit remplacer, en 2013, au sein du Pacte budgétaire européen, le Fonds européen de stabilité financière et le Mécanisme européen de stabilité financière.

Concrètement derrière ce terme technocratique se cache ce qui s’apprête à devenir une Fonds Monétaire International (FMI) réservé à la seule zone euro. Le MES sera la nouvelle institution chargée de fournir une aide, sous conditions, aux pays européens en difficulté. Il sera abondé à hauteur de 700 milliards par les états européens (la France prévoit d’y investir près de 140 milliards). De plus, le MES sera autorisé à emprunter sur les marchés financiers.

Son but officiel est de « mobiliser des ressources financières et de fournir (…), un soutien à la stabilité à ses membres qui connaissent ou risquent de connaître de graves problèmes de financement ».

discours-patron-ouvrier-pain-plantu

Les conditions

Le texte officiel précise que l’octroi de toute aide financière « sera soumis à de strictes conditionnalités ». Selon le préambule du traité instituant le MES « il est reconnu et convenu que l’octroi d’une assistance financière dans le cadre des nouveaux programmes sera conditionné, à partir du 1ier mars 2013, à la ratification du Traité Intergouvernemental sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire (TSCG) par l’Etat membre concerné et à l’expiration du délai de transposition aux exigences prévues ».

Avec le FMI, le MES proposera ainsi un protocole d’accord aux pays demandeurs : un package de mesures d’austérité (dont la fameuse « règle d’or »), que les deux fonds estimeront nécessaires pour pouvoir enrayer la crise, en échange de l’argent prêté. En clair, les Etats perdent toutes leurs prérogatives en matière de politique budgétaire. Sous couvert de solidarité et d’aide purement technique et rationnelle, le MES imposera de fait ses choix politiques et idéologiques à travers des plans d’ « ajustement structurel ».

L’immunité juridique et politique

Cette nouvelle gouvernance européenne prolonge une dérive autoritaire de l’Union européenne dans des institutions hors de tout contrôle démocratique et bénéficiant d’une immunité totale.

Article 27-3, « Le MES, ses biens, ses financements et ses avoirs, où qu’ils se trouvent et quel qu’en soit le détenteur, bénéficiera de l’immunité de toute forme d’action en justice. »

L’alinéa 4 du même article 27 précise que « les biens, financements et avoirs du MES, où qu’ils se trouvent et quel qu’en soit le détenteur, seront à l’abri de toute perquisition, réquisition, confiscation, expropriation ou toute autre forme de saisie » suite à une « action exécutive, juridique, administrative ou législative ».

Les alinéas 5 et 6 affirment que les archives, documents et locaux du MES sont inviolables.

Ainsi, le MES est au-dessus des lois, à l’abri de la justice, de toute action gouvernementale et bien sûr de tout débat démocratique.

La démocratie perd de plus en plus de terrain face au capital. Celui-ci ne prend même plus le soin de se travestir en politique pour prendre le pouvoir. La mise en place du MES (Mécanisme Européen de Stabilité) dispositif décidé dans l’opacité est leur dernière trouvaille pour achever de livrer définitivement les peuples pieds et point liés au capitalisme financier et aux politiques libérales.

La CNT, toujours en lutte contre le capital et pour la démocratie directe, sera de toutes les mobilisations, de tous les combats et les alternatives pour rejeter leur modèle de société barbare.

C’est à eux de payer leur crise.
A nous de leur imposer par la lutte nos exigences sociales.

 

* – * – * – * – * –  * – * –  * – *

Les politiques d’austérité, l’exemple des dernières mesures adoptées en Grèce:

Résumé des mesures importantes adoptées travail le dimanche soir, 12 Février 2012 dans le Parlement grec et inclus dans le « Mémorandum II » :

  • Réduction de 22% du salaire minimum qui va baisser de 741 à 586 € brut (489 € net). Pour les moins de 25 ans, la réduction est de 30%, donnant un maigre 527 € brut (440 € net).
  • Gel du salaire minimum jusqu’en 2015 et gel des primes d’ancienneté tant que le chômage reste à 10%.
  • Abolition de facto des heures supplémentaires vu l’introduction des horaires flexibles dans les nouvelles conventions collectives.
  • À la fin d’une convention collective, la période de renouvellement automatique des termes de celle-ci est réduite à trois mois (auparavant six) si aucun nouvel accord n’est conclu, les salaires son ramenés au salaire minimum. Les conventions collectives actuellement en vigueur expireront au plus tard au bout d’un an.
  • Coupes sombres dans les retraites (les régimes de pension complémentaires, mais aussi de retraite principal dans les cas tels des travailleurs de la compagnie d’électricité, compagnie de téléphone, et les banques, par exemple).
  • Abolition de la sécurité d’emploi et de la réglementation du travail en vigueur dans les banques et les entreprises publiques ou celles avec un pourcentage de participation du public, y compris entre autres la compagnie nationale d’électricité, Hellenic Petroleum (la plus grande raffinerie du pays), la radio publique et société de télévision, les transports publics à Athènes (bus, métro, métro léger, tramway et trolleybus), la poste, la compagnie de la loterie nationale et des paris, la société d’Athènes d’approvisionnement en eau, etc.
  • Clôture de l’Agence de logement public et la suppression de la contribution de 2% qui la favorisait jusqu’à présent.
  • Réduction de 5% des cotisations patronales à la sécurité sociale.
  • Licenciements et départs en retraite anticipée dans le secteur public : 15.000 au total d’ici la fin de l’année 2012 ; 150. 000 jusqu’à 2015.
  • Pour recourir à l’organisme de médiation et d’arbitrage, il sera désormais exigé l’accord des deux parties (travailleurs et employeurs), les travailleurs ne pouvant plus y faire appel eux seuls, comme c’était le cas jusqu’à maintenant.

On estime qu’en matière de droits et de rémunération, les travailleurs sont maintenant à des niveaux semblables à ceux des années 1950.
A tout cela il faut ajouter les augmentations de la TVA sur les denrées alimentaires, médicaments, soins de santé, de l’électricité, l’approvisionnement en eau, les transports publics, le gaz naturel, etc.

Ελευθεριακή Συνδικαλιστική Ένωση – Διεθνείς Σχέσεις (Relations internationales – Eleutheriaki Sindikalistiki Enosi – ESE)

 
Le tract en pdf : Ne payons pas leur crise ! Luttons !

Catégories
Rhônes-Alpes

Nouveau suicide d’un inspecteur du travail

C’est avec consternation et colère que nous avons appris le suicide le 18 janvier 2012 d’un de nos collègues, Romain Lecoustre, inspecteur du travail à Lille.

Ce nouveau suicide vient illustrer de façon dramatique la dégradation de nos conditions de travail et la responsabilité des différents niveaux d’une hiérarchie zélée.

Romain Lecoustre avait déjà effectué une première tentative de suicide de juillet 2011 face à la surcharge de travail et aux pressions de la hiérarchie locale. Il avait lui-même vainement tenté de faire reconnaître cet acte comme accident de service.

Après avoir fait part d’une compassion de rigueur, les différents échelons de la hiérarchie, jusqu’aux responsables nationaux, ne manqueront pas de se dédouaner de leurs responsabilités pour faire du cas de Romain un cas particulier.

Pourtant pour nous, comme pour tous ses camarades, il n’y a de doute sur la nature professionnelle de son mal-être, ni sur les causes de son suicide : c’est bien le travail, ses conditions d’exercice et l’environnement hiérarchique qui sont ici clairement responsables de la dégradation profonde de son état de santé, qui l’a conduit à la mort.

Pression sur les chiffres ; fonctionnement des services à flux tendu ; déni de la souffrance et dévalorisation des agents : la destruction de notre travail finit par détruire les agents eux-mêmes et conduit parfois à des actes désespérés.

Nous nous joignons à l’appel intersyndical à se réunir le mardi 24 janvier 2011 à 15h, en assemblées générales dans les services.

 

Catégories
Rhônes-Alpes Tracts

Refusons l’individualisation des salaires

Le 1er septembre François SAUVADET, ministre de la fonction publique annonçait fièrement dans un communiqué la mise en place d’une prime d’intéressement collectif dans la fonction publique. Ce nouveau dispositif vient mettre la touche finale aux nouveaux dispositifs d’individualisation des rémunérations avec la prime de fonction et de résultat (PFR).

L’individualisation comme technique de gestion des personnels

Depuis près de 20 ans le patronat promeut une technique de management par l’individualisation des salaires via des systèmes de primes variables liées à la « performance » individuelle et/ou les collective c’est-à-dire liée à la réalisation d’objectifs. Cette tendance à l’individualisation n’a fait que se renforcer. Ainsi dans les grandes entreprises neuf salariés sur dix sont aujourd’hui concernés par une individualisation de la rémunération passant par les primes mais aussi des augmentations de salaire individualisées.

Derrière le discours idéologique libéral sur la récompense du « mérite » individuel et la réconciliation du travail et du capital dans le partage des « fruits de la croissance » via l’intéressement, cette politique aboutit concrètement à une destruction des collectifs de travail, une mise en concurrence des salariés entre eux et une auto-exploitation au nom du supposé intérêt commun entre travail et capital.

Ce faisant la question des salaires et de la lutte collective pour l’avancée commune des droits est détournée par l’illusion d’une augmentation individuelle au détriment de ses collègues et dans une relation unilatérale à la direction.

L’accroissement continu de la part flexible du salaire est donc fondamentalement lié à l’évaluation individuelle des « performances » et la politique du chiffre qui l’accompagne avec son corollaire en termes d’isolement des travailleurs, de souffrance au travail et de dégradation de la qualité du travail.

Et chez nous ?

Comme tout ce qui a fait la preuve de son pouvoir de nuisance dans le privé a vocation à s’appliquer un jour au public, nous avons nous aussi notre part flexible du salaire.

Alors que le point d’indice est gelé depuis plusieurs années, le gouvernement a beau jeu d’agiter la carotte de l’augmentation individuelle par le biais des primes en faisant miroiter un relèvement des primes avec la PFR et la prime d’intéressement.

Ces deux primes ont vocation à s’appliquer à partir de 2012 pour remplacer la prime de technicité et nos fameuses « parts variables ». La PFR est censée se baser sur la fonction et la « performance individuelle » là où la prime d’intéressement mesurerait la « performance collective des services ». Dans les deux cas, ces primes renforcent la logique de l’évaluation par « objectifs » et la politique du chiffre, donnant ainsi les pleins pouvoirs à la direction pour jouer de la carotte et du bâton avec notre rémunération. Car, comme il se doit, « en cas d’insuffisance caractérisée dans la manière de servir, un agent peut être exclu » du dispositif (article 4 du décret n°2011-1038).

Si la PFR peut ressembler sensiblement au système déjà existant de parts variables, elle introduit néanmoins une nouveauté en basant une partie de la prime sur la fonction et non sur le grade indépendamment du poste occupé par chaque agent.

Concernant la prime d’intéressement, celle-ci devrait rajouter une couche d’évaluation par objectifs au niveau de chaque service. Nul doute que la nouvelle ligne hiérarchique transformant l’inspecteur en manager avec plans d’action et évaluations à la clef servira d’outil à l’évaluation du service.

Nous sommes face à un projet politique cohérent de division des personnels et de destruction des collectifs de travail visant à empêcher des revendication communes pour l’augmentation des salaires via l’augmentation du point d’indice ou la revalorisation des grilles indiciaires.

Au-delà c’est également l’indépendance de notre fonction qui est en jeu par le biais d’une évaluation par objectifs quantitatifs à tous les niveaux et sur la base des priorités fixées par la hiérarchie.

Nous revendiquons :

  • la suppression de l’ensemble des primes pour les intégrer dans le salaire fixe;
  • l’augmentation du point d’indice;
  • la revalorisation des grilles indiciaires vers une réduction des inégalités salariales.

Le tract en pdf : Primes – Salaires

Catégories
Rhônes-Alpes Tracts

Rapport IGAS : à quelle sauce va-t-on être mangés ?

La mission IGAS a publié son rapport sur les sections d’inspection en cette année 2011, il n’est pas inutile de revenir ici sur ses conclusions.

L’ « originalité » revendiquée de ce rapport reposait d’abord sur l’évaluation de la qualité des actes des agents de contrôle (lettres d’obs, arrêts de travaux, PV, etc.). C’est l’occasion pour les IGAS d’affirmer que les agents des sections ne sont pas si mauvais car la qualité des actes juridiques est jugée satisfaisante (page 35 et suiv.). Mais les IGAS estiment toutefois que les agents ne se soucient pas assez de la « mise en conformité » des entreprises et des « moyens pour y parvenir » (page 47 et suiv.). On croit rêver ! Nous voilà responsables de la délinquance patronale, du manque de moyens pour y faire face et de la faiblesse de la réponse pénale des tribunaux !

A ce sujet les IGAS demandent néanmoins l’institutionnalisation d’une coordination entre services d’inspection et parquets et la conduite d’une « réflexion » sur les sanctions les mieux à même de contraindre « les employeurs à se mettre en conformité ». (page 57 et 58).

Mais ce qui nous intéresse plus particulièrement, ce sont les « recommandations » des IGAS concernant le « pilotage de l’activité » qui constituent autant d’orientations pour les politiques et les réorganisations à venir.

Pas de surprises à ce niveau là mais plutôt une confirmation des orientations souhaitées par la DGT à travers notamment la nouvelle ligne hiérarchique. Tout va bien, les IGAS sont d’accord avec la DGT pour désigner le dernier verrou à abattre : la section d’inspection.

En témoigne des échanges surréalistes et un débat de titans sur près de 3 pages (page 7 à 9 et 14) entre la DGT et les IGAS sur le mode :

  •  Il faut affirmer la ligne hiérarchique !
  • Je ne suis pas tout à fait d’accord je pense qu’il faut affirmer la ligne hiérarchique !
  • Oui mais vous parlez des sections, il faut parler de la hiérarchie.
  • Excusez moi mais c’est justement parce qu’on pense qu’il faut affirmer la ligne hiérarchique dans la section qu’on se penche sur les sections.
  • Ah OK d’accord ! On avait pas compris ! Mais quand même vous auriez pu parler un peu plus de nous et de la hiérarchie intermédiaire au niveau des DIRECCTE et des UT.
  • Pas besoin parce que le blocage vient des sections et pas de la hiérarchie intermédiaire.
  • Tu l’as dit bouffi !

(Il va de soi qu’il s’agit ici d’un résumé des échanges entre DGT et IGAS librement retraduit en français, la novlangue managériale en vigueur dans notre ministère étant très pénible à lire. Mais il s’agit bien d’un résumé fidèle du niveau de l’échange).

Qui arbitre l’action ?

Les IGAS recommandent de placer le lieu de l’ « arbitrage » au sein des sections. De quoi s’agit-il ? Ne sommes-nous pas déjà en permanence en train d’arbitrer au quotidien en fonction de l’urgence et des moyens que nous avons ?

En fait, derrière la notion d’arbitrage ce qu’il faut comprendre, c’est la remise en cause de la liberté de décision de l’agent de contrôle dans cet arbitrage. « Sous l’autorité de l’inspecteur du travail » (promu adjudant chef à la faveur de la nouvelle ligne hiérarchique), la « section doit devenir le lieu privilégié d’arbitrage collectif entre la réponse aux sollicitations des usagers et l’activité programmée sur une priorité nationale ».

Et les IGAS de regretter que « la décision de mettre en œuvre des moyens de contrôle est largement le fait, individuel, des agents » et que « la réponse aux sollicitations reste perçue par la plupart des agents comme le déterminant le plus légitime de l’activité de contrôle » (page 4 et 20). Effectivement, en poussant la réflexion les IGAS auraient également pu nous expliquer ce qu’est un service public dont la priorité n’est pas de répondre aux demandes du public. Mais le rapport ne fournit pas de réponse à cette question manifestement accessoire.

Ainsi, jusqu’à maintenant nous n’avions pas structurellement les moyens d’effectuer correctement notre mission de service public mais nous avions une liberté relative dans les décisions et la gestion des actions à mener dans la cadre de cette mission. C’est encore trop selon les IGAS, et c’est cette liberté relative qui doit être remise en cause via un arbitrage effectué sur la base de critères pré-définis dans lesquels on n’oubliera évidemment pas les « priorités nationales » (recommandation n°4, page 27).

Programmation à tous les étages

Pour justifier sa rhétorique autour de l’arbitrage le rapport IGAS comme la DGT établissent une équation entre demande = individuel et plan d’action = collectif. Cette réduction volontaire permet de glisser de la nécessaire intervention sur des problèmes collectifs à une programmation de l’activité au sein de la section.

Ainsi, dans le cadre de la remise en cause de la liberté de décision de l’agent, les inspecteurs sont invités à définir une programmation de l’activité à partir de plans d’actions annuels. Il faut, selon les IGAS, affirmer « la dimension managériale du poste d’inspecteur du travail, chef de section » (page 5 et 6 et recommandation n°12 page 33).

Ce plan devra lui-même être validé par la direction de l’UT. Pour les non-comprenants, les IGAS vont même jusqu’à préciser que ce plan devra aussi intégrer les priorités nationales. Tout ceci n’est évidemment pas gratuit puisque la réalisation des objectifs quantitatifs et qualitatifs du plan d’action de section fera parti de l’entretien d’évaluation (recommandations n°5, 6, 10 et 11, page 29 et 33).

A défaut d’effectifs, il faut réorganiser

Le rapport relève avec beaucoup de précautions un problème au niveau des effectifs. On s’attendrait donc à ce qu’il recommande un recrutement massif d’agents dans un souci « d’effectivité du droit ». Que nenni ! « L’évolution prévisible des effectifs appelle une réorganisation importante des secrétariats et des services de renseignement du public » (page 6). Le rapport ne sera pas plus précis sur ces deux points, prudence oblige. Il serait en effet malvenu d’affirmer noir sur blanc : à défauts d’effectifs, on recommande de supprimer les secrétariats en section et l’accueil du public pour les services renseignements.

Au final ce rapport donne une curieuse impression du déjà vu, de déjà entendu et de déjà lu tant il correspond aux discours de notre hiérarchie et aux différentes circulaires sur la ligne hiérarchique. A la faveur de leur « expertise » les IGAS redécouvrent opportunément les priorités et les objectifs de la hiérarchie de notre ministère.

La seule originalité étant de désigner clairement leur cible : en finir avec les sections d’inspection telles qu’elles existent aujourd’hui. Le mot d’ordre est réorganisation et taylorisation de l’activité à tous les étages avec évaluation par objectifs à la clé. Pour arriver à cette fin les îlots de résistance que peuvent constituer les sections d’inspection doivent être réorganisées de l’intérieur.

A nous de refuser le scénario qui se dessine et de réaffirmer nos priorités de service public par la lutte collective

 
Le tract en pdf : Rapport IGAS sur l’inspection du travail : à quelle sauce va-t-on être mangés ?